à christine jeanney
en lien avec ma lectures des textes siens ci-dessous dans tentatives
c'était la nuit
puisque
portée
le dessus de ses pieds
je me suis dit
quelque chose s'est fait entendre
comme une houle roulant entre ces textes que je lisais en me promenant souvent en tentatives ces jours-çi
une houle roulant les images des cieux
dont le chant me touchait au profond
la houle de celle qui écrit ces textes
mêlée au bruit du texte proprement dit
le bruit de ce qui frissonne en moi quand je me laisse faire par lui
et je voudrais tenter d'ici les dire
je sens cette houle rouler ses vagues glissant dans l'écriture
depuis
la levée de l'image d'une
boîte de bois à tiroirs et secrets qui pivote en l'air, suspendue entre le vide et rien dont l'orifice donne sur une ruelle ouverte habitée par un "je" cachée dedans
boîte aérienne observée par un œil ouvert plac(é)dans la bonne perspective
boîte qui chevauche
ce qui tient du mystère le plus étrange
car comment à la fois se placer / dans la perspective de la ruelle ouverte que la boîte montre
et être à l'intérieur cachée
à moins que le mystère du temps du texte réussisse à faire tenir ensemble deux temps séparés dans la vie
être à la fois cachée en une profondeur secrète, portée, comme au temps de la vie intra utérine, et être devant cette boîte à tiroirs secrets et la voir pivoter en l'air
et la houle emporte cette légèreté aérienne jusqu'à
la mort de ma mère ... flotte dans l'air
_voilà que la gravité terrestre est lâchée_
jusqu'a la photo est maintenant un tableau mystérieux qui danse
jusqu'à je porte en moi la mort de ma mère
j'avais d'abord lu le texte intitulé portée, et dès le début de la lecture, cette boîte pivotant en l'air, comme en lévitation, m'avait apporté ce sentiment que quelque chose quittait en effet la gravité terrestre, comme si cette boîte était l'image d'une rêverie ou d'une âme qui s'envole
et j'ai été frappée en lisant, peu après, le texte je me suis dit, de la correspondance qui s'était imposée à moi entre boîte et mère
les correspondances ne sont bien sûr jamais terme à terme mais s'établissent selon une alchimie presque indicible d'un texte à l'autre
la houle est aussi partie de
la course dans le couloir
c'était la nuit ce 2 janvier-là
la course effrénée de cette longue première phrase
entre et virgules et intersections
rythmée par la pâle lumière des veilleuses au bas des murs
jusqu'à
le bas-côté
qui veut faire croire qu'on ne tombera pas
partie aussi de
cette longue parenthèse questionnante dans je me suis dit
écrirai-je écrirai-je pas sur la mort de ma mère
jusqu'à ce
alors il faudrait nier la chute
la perpétuelle descente du tout tombe, tout tombera, tout est tombé,
que j'entends comme une manière de réponse
ou de raison
à cette écriture-là
que cette thrène de la sonorité "om" répétée sonne funèbre
la houle, je la sens aussi dans un va-et-vient entre les textes qui vont plus souvent à la ligne, dits poèmes, et ceux qui utilisent toute la ligne d'écriture, dits prose, comme si les poèmes offraient le "punctum" des textes en prose_un quelque chose qui pointe vers celui qui écrit_comme s'ils avaient capté quelque détail essentiel et qu'ils tissaient leur dit autour de ce détail, livrant ainsi ce qui est le plus fort
il est certain que ces détails pointent aussi vers moi
et je vois là marque d'une écriture qui dit ce qui lui est intimement particulier tout en laissant ouvert la place d'un universel
et une vague encore qui mènerait jusqu'à
cette boîte dernière
où nous serions bientôt rangées
dans le ventre de l'énigme
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