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cut up dans les portes, le corps des forêts chez laure morali qui me fait bonheur d'accepter, le temps d'un vasecommunicant, en novembre, l'échange de nos terres d'écriture
.sous la brume éclaircie d'un paquet de mousses marche petite joie des derniers fruits à cueillir ma bonne étoile entre les branches nous étions des forêts
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les peaux tendues des martres crevaient notre sommeil à chaque hurlement de loup les pattes de lièvre avaient le pouvoir d'une douce fourrure décolorée réchauffant nos doigts gelés
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surprendre des vibrations de l'air des rires qui brillent entre les plis de la terre à l'heure où le caribou chante de grands colliers encerclaient nos jambes osselets de têtes de truites grises
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les lichens floconneux nous donnaient le pas rebondissant sur la piste du caribou des bois parfois un panache tombé d'une mue émergeait des mousses tu riais caressant le panache
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tu dansais en plein milieu du lac
tu riais tant elle était belle cette fille
ce souffle en toi les arbres
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Nous avons mis le canot à l'eau dans la nuit puissante. Nous passerions une autre belle journée ensemble au cœur de ton monde.
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La blancheur nous reliait les uns aux autres. Le jour où tu as voulu tuer Kimo, le chien. Tu as ri quand je t'ai dit que Kimo était mon ami. Je ne voulais pas qu'il meure
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Tes yeux, quand j'ai arrêté ton bras, euphorie et peur dans ces quelques secondes où je me suis interposée entre toi et le chien, contact charnel entre la vie et la mort, l'éclat bref de la hache qui dévie de son chemin chorégraphie de nos corps sur ce lac libérés de leurs principes par la possibilité du rire, et ton nom de neige abandonné au vent, Shimun.
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elle a commencé à chanter, la forêt. La gorge de la terre a poussé un son nu vers les étoiles. Le chant montait de l'eau en nappe translucide et redescendait en glace sur la forêt. « Naur, m'as-tu dit, c'est la glace qui chante en se formant »
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S'approcher en silence du lac, les pieds dans la mousse, et sentir l'émotion des choses. Une intime confidence te pénètre, la joie d'un présent. un animal. Un vent. La chute d'un fruit. Et vouloir crier tout l'amour que te fait porter la terre avec sa beauté périlleuse
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on n'épuise jamais un visage. Il reste toujours un pli au coin des lèvres, une brillance à l'œil qu'on n'a pas vus. Cette femme frêle Maniten, t’avait mis au monde en chemin dans la forêt — elle et toutes ses grands-mères avec elle. J'ai toujours le gilet rose qu'elle m'a offert.
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auprès d'un poêle de tôle bien rouge. La neige, le thé.
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Ma silhouette d'alors continue de se promener dans les sentiers moelleux de lichen aux empreintes de sabots de caribous solitaires. La légèreté est une vague qui nous poursuit pour nous ramener dans les lieux peu nombreux de cette terre où, au moins une fois, nous avons été heureux.
ces regards fuselés de Fous de Bassan, ces doigts pelés de froid, ces sourires de légendes mauves qui peuplaient notre enfance derrière les meubles lourds bien cirés le dimanche, aux dentelles jaunies couleur pommes à cidre / on se laisse prendre au filet verdâtre des aurores boréales qui se baignent parmi les goélands dans la nuit,/ nous n'avions que nos poèmes dans les poches pour nous suffire
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