la mère de ma mère s'appelait blanche
sur le chemin de la vie
elle montait sur sa chaise pour allonger les fils du fromage
elle a été tuée par la mort dans l'hôpital à Créteil
et je lui tisse une écriture
linge de mémoire
pour vous le dire
et je vais allumer une bougie
pour la beauté de sa lumière
le père de ma mère s'appelait fernand
sur le chemin de la vie
il mangeait de la pomme avec le gruyère
il a été tué par la mort dans l'hôpital Boucicaut
et je lui tisse une écriture
linge de réglisse
pour vous le dire
et je vais allumer une bougie
qui attache les yeux de sa lumière
la mère de mon père s'appelait camille
sur le chemin de la vie
elle buvait son café le matin en se promenant dans son jardin
elle a été tuée par la mort dans sa maison de seine et oise
et je lui tisse une écriture
linge de papillon
pour vous le dire
et je vais allumer une bougie
pour voir trembler la lumière de ses cheveux gris
le père de mon père s'appelait albert
sur le chemin de la vie
il allait à des réunions d'anciens combattants et plantait des iris
il a été tué dans l'hôpital d'orsay
et je lui tisse une écriture
linge de maïs
pour vous le dire
et je vais allumer une bougie
pour faire lumière sur son manteau bleu-marine
la mère de la mère de ma mère s'appelait marie-célestine
sur le chemin de la vie
elle était sévère sévère disait ma mère
je ne sais déjà plus où la mort l'a tuée
je lui tisse une écriture
linge de voile
pour vous le dire
et je vais allumer une bougie
que filtre encore une toute petite lumière
le père de la mère de ma mère s'appelait edmond
sur le chemin de la vie
choses gens événements ont disparu
il a été tué par la mort je ne sais où
et je lui tisse une écriture
linge presque détruit
pour vous le dire
et je vais allumer une bougie
il reste si peu de lumière
la mère du père de ma mère s'appelait albertine
sur le chemin de la vie
elle avait été mariée à 16 ans à un edmond de 37
elle a été tuée par la mort personne pour dire où
et je lui tisse une écriture
linge de bracelet
pour vous le dire
et je vais allumer une bougie
dans la lumière de qui s'éteint
le père du père de ma mère s'appelait lui aussi edmond
sur le chemin de la vie
il était centralien
il a été tué par la mort dans un endroit insu de moi
et je lui tisse une écriture
linge de moindre
pour vous le dire
et je vais allumer une bougie
pour une lumière sur l'ombre
la mère de la mère de mon père s'appelait marie
sur le chemin de la vie
elle était marchande de couleurs
elle a été tuée par la mort dans sa maison alfort
et je lui tisse une écriture
linge de broderie
pour vous le dire
et je vais allumer une bougie
pour une lumière blanc de titane
le père de la mère de mon père s'appelle ... prénom pas su
sur le chemin de la vie
rien ne reste de ce qu'il était
ni dans quel lieu la mort l'a tué
et je lui tisse une écriture
linge du diaphane
pour vous le dire
et je vais allumer une bougie
dans une lumière de presque rien
la mère du père de mon père s'appelait léonie
sur le chemin de la vie
elle fabriquait neuf enfants
elle a été tuée par la mort dans sa maison de boulogne-sur-mer
et je lui tisse une écriture
linge de coquillages
pour vous le dire
et je vais allumer une bougie
qui donne lumière sur son pas de calais
le père du père de mon père s'appelait ...prénom disparu
sur le chemin de la vie
petits ou grands événements disparus aussi
la mort l'a tué en quel espace
et je lui tisse une écriture
linge de haillons
pour vous le dire
et je vais allumer une bougie
petite lumière du ténu
la mort me tuera où
sur le chemin de la vie
voir image du père et de la mère de la mère (c'est la petite fille, léonie) du père de mon père
@cjeanney salut fraternel à antoinette dans son habit de cailloux et de vent
@brigetoun litanie de ceux qui se sont tus mais dont le souvenir nous parle encore fort
merci de vos passages commentants
Rédigé par : maryse hache | mardi 25 mai 2010 à 12:09
si beau tissage, et le linge de haillons encore plus.
La mère de mon père s'appelait Antoinette, s'est perdu ce qu'elle faisait, où elle buvait son café et qui venait la visiter, tuée quelque part, rongée, envahie de ronces, je lui tisse des cailloux de cimetière, les retourne pour qu'ils montrent leurs jolies faces brillantes, beaucoup de vent là-bas les ré-arrange, au mieux.
Rédigé par : cjeanney | lundi 24 mai 2010 à 17:10
superbe litanie, chanson du souvenir, plus vrai que vrai
Rédigé par : brigetoun | lundi 24 mai 2010 à 16:42