"Écrire
n’est pas ici prétendre reproduire son expérience, prétention des « proses industrielles »,
académiques, mais la mettre à distance pour qu’elle échappe « au réseau constitué des significations ».
La littérature implique donc « une
résistance à la compréhension immédiate », étant à la fois
dans l’espace du nommable et de l’innommable pour « dire simultanément les choses et la distance des
choses ». Leçon ancienne, toujours à méditer, et Christian
Prigent nous y aide avec vigueur."
poezibao "Quatre temps", de Christian Prigent (lecture de Tristan Hordé)
c'est précisément ce qu'il me semble faire lorsque je tente de mettre en
écriture l'expérience d'une maladie et de son armada de personnel_souvent si
loin de la personnne_de son armada de soins, d'analyses, de machines, de
chiffres_ et autre grande démonstration et efficacité technique
non la raconter
non en témoigner encore moins
mais plutôt la poser à distance
_pas la distance définitive bien sûr je n'échapperai ni à la souffrance ni à l'aggravation un jour ou l'autre encore moins à la mort_
la poser à distance
et que cette expérience "échappe "au réseau constitué des significations"
aux dénominations toutes faites
à la compréhension sur mesure
ainsi va-t-elle résistant "à la compréhension immédiate"
à l'immédiateté même
je pose à distance l'expérience
et je me parcours dans cette expérience
que jarry me vienne en aide
que tous les clowns dignes de ce nom viennent aussi
clown de michaux en tête
et tous les autres
qu'ils s'appellent gelsomina charlie chaplin ou he who gets slapped_les larmes de clown_ de victor sjöström ou arletti / catherine germain ou gaïa /lucie valon
et prigent lui aussi me montre ce chemin de résistance
une résistance qui veut aller jusqu'au bout
qui n'a que faire de vaincre
sa réussite n'est pas là
elle est dans l'aller jusqu'au bout
l'aller jusqu'au bout propre au clown
cf « Il faut aller jusqu’au bout, même pour ne pas vaincre » (Reverdy). »
relevé dans notes sur la poésie : Antoine Emaz chez poezibao
qu'est-ce ce bout de l'aller jusque
"même pour ne pas vaincre"
peut-être l'insister de celan que rappelle michèle dujardin dans abadôn.fr du jour sous la rubrique cinema
Nous n’avons pas à résister.
Insister seulement.
Creuser le noir.
Paul Celan.
Rédigé par : maryse hache | samedi 21 fév 2009 à 16:11
Aller jusqu'au bout, il me semble que c'est aussi ce que dit Dominique Fourcade. Cf. ces notes prises lors du très beau séminaire donné au Petit Palais de Paris, il y a trois jours (organisation La Maison des Ecrivains et Jean Michel Maulpoix, "la poésie, pour quoi faire ?") :
•Vers. Le vers, unité de souffle : « il faut qu’un vers aille au bout de lui-même ». Le vers est une mise en jeu à travers une dictée de longueurs, de temps, dizaines et dizaines de ruptures de phases du temps. Un vers est une phase de temps : le bout c’est le moment où il doit s’interrompre avec justesse. Un vers peut aller d’un mot à trente lignes. Travailler le moment où c’est le bon moment, être dans la justesse. « Faire des vers, c’est mettre en jeu à la fois un savoir, un instinct et une aventure qui consiste à déterminer, avec grâce et au fleuret électrique, où ça doit s’arrêter » Sans rupture car mélodie et rythme doivent être continus et de préférence sur tout le livre. Instinct, travail, expérience et la grâce qui souvent fait défaut.
Rédigé par : Florence Trocmé | vendredi 20 fév 2009 à 18:28