à la manière de jean-louis kuffer *
celui qui a reçu un chic bristol d'invitation mentionnant "tenue sportive" et qui vient en palmes, tuba, masque et maillot de bain /
celui qui a fait rouler un char sur des fantassins /
ceux qui disent toujours, dans le conversations, "ça me rappelle" ou "c'est comme moi" et qui rapportent la conversation à eux /
celle qui tous les matins expose sa literie à sa fenêtre pour lui faire prendre l'air /
celle à qui on mettait de l'huile d'aloès sur le pouce pour la dégoûter de le sucer /
ceux qui partent en vacances dans un village pierre et vacances /
ceux qui ne sont jamais sortis de là où ils habitent /
ceux qui ne connaissent pas montparnasse monde /
ceux qui lisaient le hérisson et france-dimanche /
ceux qui ronflent en dormant /
ceux qui parlent en mangeant /
ceux qui ne ferment pas la bouche quand ils mangent /
ceux qui crachaient par terre et parlaient breton dans les autobus /
ceux qui se penchaient par la fenêtre du train /
ceux qui lisent des textes /
ceux qui lisent des livres /
ceux qui disent que le papier des livres c'est sensuel, l'odeur aussi /
ceux qui disent qu'il faut être fort quand on leur annonce que la tumeur est maligne et inopérable /
celui qui sonne et dit qu'il est en liberté conditionnelle et qui propose des crêpes bretonnes à 7 euros plutôt que de faire la manche /
ceux qui plantent des chênes à soixante dix ans /
celle qui congèle ses nouveaux-nés au fur et à mesure de leur naissance sans que personne ne s'en aperçoive avant des années /
celle qui pense que nous sommes tous en liberté conditionnelle /
celui qui se souvient de la girouette et des nénuphars mais pas de l'année où il les a vus dans le jardin /
ceux qui fument_fumaient_dans les cafés les restaurants le métro les magasins le train la rue la maison le lit/
celle qui, le matin, après avoir fait son chignon, enroulait une mèche de ses cheveux autour d'un gros crayon jaune pour former une anglaise /
celui qui avait mis une grande planche sur la baignoire pour en interdire l'usage /
celui qui, tous les dimanche, après la messe, achetait le même bouquet d'oeillets que la semaine précédente, pour fleurir les photos de ses chers disparus, exposées sur le buffet /
ceux qui ne mangent pas d'ail ni d'oignons /
ceux qui éternuent d'allergie /
celle qui met indifféremment des chaussures du 37 au 39 car la longueur de ses orteils est d'une grande variété /
celle qui récitait les noms des départements comme dire un conte /
celui qui était cul-de-jatte et passait ses journées devant la fenêtre à regarder le spectacle du monde sauf quand il lisait combat ou nourrissait les poissons rouge dans leur bocal sur le piano /
celle qui voulait être enterrée à bagneux là où étaient enterrés son mari et sa fille car ailleurs elle ne connaissait personne /
celle qui avait le gaz à tous les étages et son linceul prêt plié dans son armoire /
celle qui fouille la terre à mains nues pour déterrer une racine récalcitrante et découvre un crapaud qu'elle croyait plutôt vivre dans l'eau /
ceux qui disent qu'il n'y a aucune raison pour bla bla bla /
ceux qui prétendent que du moment qu'on a la santé /
ceux qui se lèvent tous les jours à 4h 30 pour aller travailler /
ceux qui sont tous les jours dans leur voiture pendant quatre heures pour aller travailler et revenir
ceux qui identifient aisément tous les arbres des bois pendant la promenade /
celle qui remercie jean-louis kuffer et écrit cela à la manière de jean-louis kuffer /
18 juin 2010
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voici l'adresse du site littéraire de jean-louis kuffer
voici l'adresse de ses carnets, à la page des celui qui, celle qui, ceux qui
lire aussi la présentation de son texte : ceux qui songent avant l'aube chez publie.net dont vous voyez ici la vignette
voir aussi atelier d'écriture en ligne 346 sur le texte de jean-louis kuffer chez pierre ménard liminaire
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