une bribe au début du mail de piero
touche une veine : "un numéro de téléphone passy 15 28"
je m'y abandonne
laisse la connexion des fils aller son train
et me guider par petit troupeau d'associations :
allô je répète je t'aime je t'aime je t'aime signé paul
les mots me téléphonent et bougent des plaques mnémoniques
le mot passy me téléphone
avenue de lamballe
rue de la pompe
avenue georges mandel
le mot téléphone me téléphone
hc / jd
puis
ets burgunder 48 avenue felix faure paris 15°
dans les ondes ils disent :
permis de construire l'immeuble de 6 étages délivré le 12 août 1905
à alfred burgunder
la résurrection des morts a lieu avant la fin du monde
il suffit d'un coup de fil
l'une de nous deux survivra bien à l'autre
du monde sur la ligne
comment les entendre tous dans le texte
sourire
laisser-aller voguer au gré des vagues de correspondances
et continuer dans l'eau des vases
paul en avait acheté un très haut pour les rouge glaïeuls
danse avenue mandel avec petits justaucorps
rose comme manteau résurrection piero
rose comme manteau de l'ange annonciation angelico
allô lys quatro cento
grands jetés jusqu'à françoise rue de la pompe
sa mazurka de chopin sa saltarelle de dvorak son menuet de boccherini
avec odeur et écrasement de colophane
sauts de chats jusqu'à l'avenue de lamballe piano noir et grande baignoire
allô jasmin 14 24 bonjour albert c'est berthe je voudrais parler à camille
en-soi les voix qui téléphonent littéraire ou ordinaire disparus ou vif-corps
les laisser parler
allô segur 60 82 paul non il n'est plus là mais voulez-vous parler à blanche ou alice ou maria
c'est hc qui répond : rien ne ressemble autant à une résurrection qu'un livre
elle s'assoit à côté de lui sur les bords du tage
là voilà qui téléphone littéraire à borges
elle invente un temps passeur d'éternité qui la tient dans ses bras de mimosa
et elle téléphone littéraire à cixous
elle marche sur un fil
jamais tu n'arriveras à entrechat cinq mais danse continue à danser piero
ça grésille à cause du lointain
mais bientôt ça s'entend si ça prête l'oreille
ça se distingue de phrase en phrase
alllô on entend mal
la 403 bleu nuit
c'est la mère de qui là près de la fenêtre
c'est sa grand-mère ou mon père près du lion de belfort
belfort c'est bien à côté de lure
allô fichaise ah seulement pendant le week-end
qui est-ce qui conduit
oh j'entends mal — c'est ton père? — ah il est parti — il y a six mois?— mais ça nous fait quel âge déjà?— en quelle année tu dis? — c'était pas une 403! c'était une 2cv ! — ah bon! je confonds— une ami 6 alors?— en juillet 60 à orly ? — ah non plutôt vers 58 — six mois plus tard, ça, j'en suis sûr, mais c'était en juillet 1980 — allô allô sa voix s'éloigne ne coupez pas ne coupez pas…
allo passy 15 28 — c'est poupouche! — non! je suis pas avenue mandel ? — avenue phiippe-auguste, ça alors, quel méli mélo ! — je voulais parler à françoise — mais oui professeur de danse
ah il est revenu, de nouveau en ligne, au volant de la citroën, il prend la rue d'alésia, tourne au rond-point, église, cinéma, hésite entre avenue d'orléans ou avenue du maine
allô allô seg 60 82 — suis bien rue brézin — oui, je suis sûre, juste après l'église de montouge et le cinéma — ah avenue du général leclerc? — c'est où ça — ah bon! je croyais qu'elle s'appelait l'avenue d'orléans
oui, c'est bien sa voiture
il est bien revenu
tiens qu'est-ce qu'il fait avec sa deux CV
ah il se décide plutôt pour l'avenue du général leclerc
il revient de chez la grand-mère de piero ou quoi
quand il ya du monde sur la ligne ça téléphone en flux mélangés et ça réclame de la ponctuation sinon tu sais plus qui parle
elle perd le fil
elle le reprend
il y a des fenêtres sur les arbres
celle sur le noisetier tout en candélabres vert tendre
(comment ça s'appelle ses petites pendeloques végétales)
celle sur une sorte de pin parasol
celle sur les tilleuls
il y a le monde de l'écrirelire dans les ondes et nos fils sont mêlés
il y a vous
il y a nous
il y a toi
je reste en ligne
gratitude à pierre cohen-hadria d'avoir d'abord accueilli ce texte dans ses carnets, au sein de pendant le week-end , blog coopératif, dans le cadres des vases communicants de février 2011
tandis que je publiais le sien au semenoir
merci pierre, et excuses pour avoir manqué de vigilance / "pendant le week-end" est coopératif et je l'avais bien lu, vu, remarqué / vais modifier
mh
Rédigé par : maryse hache | samedi 26 fév 2011 à 11:20
C'est que tout le plaisir a été pour moi, tu vois... On recommence quand tu veux... (et "pendanrt le week-end" est coopératif, n'est pas qu'à moi, n'est pas à moi tout court...) (mais n'importe : merci de ton accueil ici et -très- bienvenue, donc)
Rédigé par : PCH | jeudi 24 fév 2011 à 22:58