lors du travail quintette brouette#2, au centre culturel de caen, qui nous reçoit, j'ai proposé aux comédiens un court atelier d'écriture autour du texte de Ludovic Degroote, Pensées des morts, Tarabuste, 2002
qui fait l'objet de l'atelier d'écriture de pierre ménard séance 46
Proposition d’écriture : Mettre des mots sur ses morts, les achever pour qu’on en parle plus. Continuer sa propre usure en usant des mots. Arracher les masques, l’un après l’autre, rien ne demeure que le crâne et la nuit qu’il enferme, ce crâne dont il faut soutenir le regard aveugle.
isdid
1. vous mes morts
Eh ! mes morts !
je vous hais dans la peau !
2.mes maux. vais. sors
en heur et en malheur
articulés et en splendeur.
je vais. je sors.
pardonnés et inconnus
prisonniers et vaincus.
je vais. je sors.
tortueux et en souplesse
feignant et sans paresse.
je vais. je sors.
sentencieux et en tension
soumis et et en attention.
je vais. je sors.
tranquilles et agités
faux et vrais.
je vais. je sors.
présents et absents
en peu de vie et peu de sang.
je vais. je sors.
bien trop malins pour être saints
vous êtes mes mots
vous êtes mes morts
mes maux. vais. sors.
3. traiter nos morts
mettre des morts sur les mots
comme on jette une croix
aux sols.
être les maux de nos morts
comme on porte un fard haut
au masque.
oublier les mots de nos maux
comme on porte une cicatrice
au visage.
traiter nos morts de sots
comme on jette un recommandé
aux ordures.
fabien poincheval
1.
Mon mort,
à toi mon mort,
mon amour de mort,
mon unique de mort,
mon chéri de mort,
mon mort…
Mon ciel de mort,
mon rêve de mort,
mon bonheur de mort,
à toi mon mort,
mon mort,
mon.
2.
A : L' intérieur est sombre !
B : Pourquoi pas?
A : Seulement à l' intérieur y pénétrer et te regarder...
B : Me regarder !
A : Tu as peur ?
B : J' ai la trouille, sans lumière je m'égare
A : Ah oui mais te regarder mou....
B : Moudre !
A : Pourquoi pas, mais pas moudre,
B : Alors mousser comme une bière !
A : Non plus, ni mouler, ni mouiller, ni moucheter mais mourir !
B : Pourquoi pas, seulement dans le noir je me perds tout le temps.
A : C' est vrai et je n'ai pas de lampe sur moi pour éclairer cet intérieur beaucoup trop sombre à mon goût,
B : Tu vois ! Et puis je n' ai plus le temps pour mourir,
A : Une prochaine peut être !
B : Peut être, pourquoi pas
3.
Eau,
ta perte,
ma seule eau,
mon lit
dans tes os,
comme une
perte,
une seule,
je suis et toi
tu
tu
tu m' autopsies
d'un air,
du moins sans,
à ma perte.
gg
1.
Mort décédé
Ça y est
Trépassé
Complétement plus vivant
Complétement plus là
A achevé son cycle
Cyclomorteur
Cycloporteur
Cyclopleureur
Avec applaudissements
S'il vous plaît
Pour ce dernier acte
Les bras croisés sur la poitrine
Solennel
Et bravo pour le mort!
2
Corps libre
Libre place
Place vide
Vide fait
Fais ton trou.
3.
Un silence
Provocant
Une absence de mouvement
Détestable
Froideur et manque de couleur
Odeur et douleur
Figé
Affligé
Défiguré
Le masque, le dernier.
k
1.
Feuille de papier je te chiffonne. Une histoire terminée,
Tombée de son arbre, silencieux et immobile,
Au milieu de feuilles mortes et piétinées
Rongées par les vers d’une plume indélébile.
L’encre ne peut s’effacer ? Hourra !
Les souvenirs seront enterrés
Ancrés dans l’âme esseulée
Sous la terre, en terre, à terre, atterrée, Ouah !
Mes vers versent des mots
Effacent mes maux
De la terre je nais
De ma mère je serai
Je nais, je meurs et renaîtrai
2.
Tiens, et si je gribouillais une autre feuille,
Un autre papier, pour y dessiner le deuil
D’un cœur épuisé : le croquis d’un ange ?
D’un sourire étoilé ? Deuil, quel mot étrange !
Deuil, le seuil de la mort ?
Non, que dites vous ! la roue de la vie !
C’est un être en essor
Pour être il grandit
Il passe d’un seuil à l’autre
Il entre et sort
D’un cœur et son corps
Il apprend en digne apôtre
Qu’il faut dormir pour s’éveiller
Et s’endormir encore
Glisser dans le sommeil, émerveillé
Quitter les maux du corps
Au revoir, bon Deuil !
le 12 février 2011 quintette brouette 2/5
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