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texte d'abord publié chez remue net
merci à guénaël boutoullet de m'y avoir accueilli
je lui dois le lien dans le mot cimetière
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un jour l'instin perdit H etc
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il devint général errant fantôme avatar toujours mort et toujours ressuscitant
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on le vit sur les bords de la marne se défaire de ses vêtements et médailles et se jeter nu à l'eau dans les chevelures vertes d'un saule pleureur en baignade lui aussi
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quelques amis se dévétirent à sa suite en riant avec lui à des jeux liquides
des péniches passaient
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H l'avait quitté un jour de février entre médailles et cimetière un jour d'amoureux et de grisaillerie saisonnière un 19 je crois
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il pleuvait presque des pinceaux alors qu'on s'attendait plutôt à des oiseaux morts et à des chants liquides genre resquiescat in pace
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et le général marchait depuis sans H mais avec ceinture et fleurs
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il marchait villes rues boulevards ruelles impasses passages choisissait chaussures adéquates légères presque ailées
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il aimait les gares pas rare à paris qu'il y rencontrât femme à open spaces gare du nord et l'ombre de frank et femme à écritures gare montparnasse
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à gare de l'est à gare st lazare on ne lui connaît pas de rencontre notable
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il allait aussi petites gares de province où il pouvait encore traverser les voies éprouver sous la semelle les rails de fer et goûter l'odeur du grésil
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il arrivait qu'il s'asseye sur un banc pour seulement rêver et regarder le train arriver là-bas dans la verdure ferrée il ne l'attendait pas
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il marchait aussi banlieues quelquefois éloigné des centres commerciaux et caddies métalliques avec victuailles en tout genre dont il n'avait cure quelquefois au plus proche pour observation quasi anthropologique et quelquefois il entrait et achetait quelque chose
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H lui manquait et le 19 lui donnait toujours tout général qu'il était quelques frissons alors pour détourner la tristesse qui venait il chantait des chansons militaires un peu sottes mais qui faisaient diversion
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il cherchait quelque jardin quelque bois quelqu'arbre quelque mousse pour qu'une manière de joie revienne
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certains disent que c'est presque par magie qu'il porte toujours ceinture et fleurs surtout les fleurs ne peut pas se passer du végétal
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et donc il marchait aussi bois et forêts au soleil et sous la pluie à midi et à minuit (on dirait que là une musique se joue sans que le narrateur l'ait convoquée et pourtant si c'était cela qu'il faisait le général)
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on le vit aussi près de st malo monter un cheval camarguais le long de la grève pendant que deux hommes traversaient la plage et tiraient un piano à queue sur lequel était couché un âne mort il s'en étonna à peine mais ressentit l'inanité des batailles et l'extravagance de la fin de toute chose le narrateur croit se souvenir que le cheval camarguais mâchait une branche de fenouil
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l'istoire du général instin est une istoire dans laquelle se glisser doucement est possible même si la perte du H eurte certain jour un peu et certains autres jours serre quelque chose fort à l'intérieur dans un fond près du coeur
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et lui le général continue ses errances ses métamorphoses il disparaît là il revient ailleurs quelquefois fringant quelquefois misérable comme nous autres
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