c'était daffodils and lily-of-the-valley
c'était livre rouge carpenter-fialip
c'était apprentissage de l'anglais en classe de cinquième
c'était may be contes d'oscar wilde
fleurs
c'était au jardin de printemps
jonquilles
narcisses doubles couleur jaune pâle crème un peu curled
narcisses de poète blanc et cercle rouge au cœur hampe dressée verte
parfum sucré frais
i breathe it down deeply
c'était au jardin d'été
héron cendré en visite-surprise pattes sur maçonnerie dans le bassin
immobile comme appeau tête tournée
soudain il plonge la tête pour un poisson rouge
puis déploiement des ailes juste suffisant pour passer le petit mur
nous quitte sans métamorphoses
c'était à la nuit
quelquefois je dessinais les feuilles des arbres
presque toute la nuit la main traçait les lignes
encre de chine ou fusain
feuille tenue dans l'autre main ou posée dans un verre
jeu de doigts de poignet de pinceau de bambou
grands veilleurs du moment présent au-dessus de l'épaule
les matisse kelly motherwell
les twombly les rembrandt les dürer
et soudain c'était fini ça s'arrêtait c'était l'heure de choisir
l'heure des déchirures des abandons
l'heure de n'en garder que quelques uns
c'était ici et maintenant
laisser le regard quitter les branches du tilleul
se laisser absorber par les bourraches et leur bleu
saluer l'aubépines ses fleurs blanches de printemps et son bruissement d'abeille
passer par dessus le bassin
remarquer le frottement des elytres : c'est la libellule et son bleu-vert
et goûter au rouge au blanc au bleu des sauges à odeur de miel âcre
atteindre la ferrure rouillée-rusted où se palisse le rosier veilchen à fleurs violette et rose
où se lancent les tiges du rosier cuisse-de-nymphe-émue rose pâle
et être surprise par le grenat des roses trémières contre le mur
puis laisser glisser le regard le long des buis
le laisser s'attarder dans le carré des roses
jusqu'au cerisier montmorency
et parvenir au carré des pivoines où ça juponne duo
avec les grands pavots
tiens il y a ici visite d'asclépiades à senteur d'héliotrope
et la voir à la grille
au-delà du grand noyer
entre troènes et noisetier
bonheur
la belle personne était venue
oh qu'elle entre dans le poème
je m'en irai bientôt
dessin et acrylique mh
d'abord paru dans le cadre des vases communicants, novembre 2011, chez fiona reverdy
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