.
.
.
un ventre grès de jarre à oreillettes ; elle dit vinaigrier ; tout ce qui se mange ici est fait maison, à la mothe ; elle dit aussi. au fond repose une mère ; je vais te montrer ; elle plonge une grande cuillère en bois et fait apparaître un drapé de grenat visqueux glissant ; là voilà mère de bactéries vivantes ; on verse en la jarre tous les fonds de bouteille de vin avec précaution elle dit - mère fragile - et ça aigrit ; impression étrange d'avoir déranger une petite bête coaguléé sanguinolente, un morceau sacrificiel ; quel bon goût il avait ce vin aigre, sauce des salades du jardin : endives, romaines ou laitues, sauce des tomates fraîchement cueillies mangées avec rondelles oeufs durs des poules du petit poulailler jouxtant les lignes de légumes
un ventre de jarre mais beaucoup plus grande remisée dans une patite cabane sombre sans fenêtre, à côté des clapiers à lapins ; chacun sa case : lapins vivants derrière les grillages, lapins confits en graisse dans le ventre de grès ; elle tuait les vivants pointu du couteau enfoncé coup sec dans une veine de cou, pattes arrière nouées dans une ficelle accrochée à une branche basse de la cour; le sang coulait dans une écuelle ; encore un coup de couteau lame effilée le long du ventre du bas des cuissses jusqu'à la base du cou et apparaissait tout un entortillement serpentueux violet pâle derrière une petite membrane translucide ; encore un coup de couteau, moin appuyé, pour ouvrir cette minceur diaphane, et l'entortillement se désentortillait jusqu'au sol, fumant avec une odeur inconnue de l'observatrice, étrange, presque indécidable entre l'agréable et le désagréable, avec miaulements de chats nombreux arrivés soudain au festin des viscères ; qu'il était goûtu son confit de lapins passé à la grande poële noire avec ail et persil
.
.
.
belle jarre en tes courbes
fabrique-nous doux élixirs
accueille avec douceur vin
gouleyant en tes ombres le
gras confit lapins canards
repose au frais bêtes tues
en mort pour nos faims que
grâces vous soient rendues
joyeux légumes hissez pour
nous vos couleurs vinaigre
assaisonnées ail et herbes
fines et si un jour poudre
serions que nous soyons en
paix joues bouche de jarre
.
.
.
.
_________________________________________________________________________________
cette nouvelle catégorie au semenoir doit beaucoup à l'autobiographie des objets de françois bon, lue régulièrement sur son tierslivre, et maintenant disparu car paru au seuil
.
.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.