atelier d'écriture de pierre ménard dans le cadre
de sa résidence à la librairie litote en tête
autour
du thème de la ville de paris
étais présente à celui de samedi
13 mars, et nous étions quinze participants
pierre ménard met aujourd'hui en ligne sur son site liminaire , ce dont je le remercie encore près du cœur, la
deuxième brassée de textes des participants
il empruntait la contrainte d'écriture à
françoise collin :
Écrire un texte qui décrit la ville par l’intermédiaire d’un personnage de fiction que l’on suit dans la rue et ce que l’on voit ou non de la ville qu’on traverse, et les pensées, et les images qui nous passent par la tête au cours de cette filature, ainsi que les minuscules tableaux de la vie quotidienne où l’on tente de restituer certains des repères du quotidien de la ville dans laquelle on vit, dans sa solitude. Depuis son quartier, regarder agir quelques-uns de ceux avec lesquels on traite ou de simples passants. Ces figures étranges (entre fantôme et fantasme) et l’évocation de la perte reviennent, mais toujours comme des traces de quelque rêve. Une sorte d’autobiographie plus ou moins rêvée, travaillant les effets de réel, jouant avec les temps et les lieux, avec les personnages mis en scène, ce qui permet de renforcer la cohérence à l’ensemble.
On dirait une ville, Françoise Collin, Éditions des femmes, 2008.
voici ce que j'écrivais
et pierre ménard lui a donné ce titre : mon navire loin des mers
une cathédrale sans doute / tympan roman je crois /
bâtisse qui ose le grandiose toutes ses pierres en soleil /impression de gris
en camaïeu / lumière accrochée aux arêtes des pierres / ombre dans les
anfractuosités / splendeur /
suis sur le parvis/
devant moi grande place rectangulaire_noire de monde dit
l'expression_peu de liens avec ma sensation / plutôt taches de couleur / plutôt
flux / ça bouge
une tache plus claire me le fait voir / pantalon et
chemise ivoire / il s'appuie sur une vitrine et regarde /
son regard me surprend / il est vague et rêveur comme s'il
ne regardait rien de singulier / qu'est-ce qui l'occupe
le suivre
il passe devant la terrasse d'un café / se rapproche / il
porte une valise, usée / il traverse une petite rue abandonnée tout entière aux
promeneurs et vient s'arrêter sur le parvis / pose sa valise et en sort un
pliant / il s'assied face au monde
le temps sonne à la grande horloge de la cathédrale /
d'autres viennent sur le parvis, déposent leur valise, l'ouvrent, sortent un
petit pliant, s'asseyent les uns à côté des autres selon une disposition en arc
de cercle, et regardent le monde
ils sont douze à s'être installés / quels apôtres
ils portent tous des vêtements clairs / de leur valise ils sortent un peu de
blanc qu'ils étalent sur leur visage / un peu de noir, sobre, pour dessiner des
sourcils / du rouge pour les lèvres et / ensemble / dans la lumière du soleil /
en une sorte de rituel / ils ferment les yeux et après avoir baissé la tête,
ils arrangent sur leur nez un petit bout de plastique rouge / et relèvent la
tête / puis ils replient leur pliant le remettent dans la valise et s'en vont /
ils entrent dans la petite rue à droite du parvis /
impossible de les suivre / trop de monde dans la rue
je pense à Michaux :
Un jour,
Un jour, bientôt peut-être,
Un jour j'arracherai l'ancre qui tient mon navire loin des mers,
samedi 13 mars 2010
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