atelier d'écriture de pierre ménard dans le cadre de sa résidence à la
librairie litote en tête
autour
du thème de la ville de paris
étais absente-présente à celui de samedi 10 avril. Ai rédigé "en
chambre" mais quasi synchrone avec le groupe et dans les propositions de
durée limitée. gratitude à pierre ménard de l'avoir rendu possible.
pierre ménard a mis il ya quelques jours en ligne sur son site liminaire , ce dont je le remercie encore près du cœur, les textes des participants.
il empruntait les propositions d'écriture à jacques-françois piquet et michel valprémy
:
Puiser dans le nom des rues, des quartiers du lieu où l’on a passé sa jeunesse, matière à écrire de courts textes autobiographiques, fragments de vie, biographie familiale, les lieux fonctionnant comme théâtre de la mémoire. Jacques-François Piquet, Noms de Nantes, Joca Seria, 2002.
Autour d’un mot choisi dans le vocabulaire urbain (kiosque, quartier, bus, rue, pavés, vocabulaire urbain), retrouver la ville de son enfance, à travers de courts textes aux sonorités en échos, au-delà des assonances, exercices de précision rythmique, de composition, de phrasé, où les mots s’aimantent à toute vitesse, passant du coq à l’âne, de la gare au marché. L’énumération est une manière de fragmenter autant d’éléments très précis et variés, détails miniatures. Le déclencheur de cette frénésie verbale est avant tout le son. Michel Valprémy, Albumville, Atelier de l’Agneau, 2002..
voici ce que j'écrivais en lien avec la première proposition :
1.avenue felix faure
1.1 avenue felix-faure chez madame debossu
jardin d'enfants, trottoir en
face du 48, un peu plus loin, en allant vers le boulevard Victor / petit groupe
de bambins jouant au sable avec panoplie ad hoc : seau, pelle, rateau, passoire
/ confection rituelle de châteaux et de haute importance_comme s'il en allait
de leur vie et qu'il savaient déjà que nous sommes poussière etc. / petit va et
vient entre tas de sable et châteaux alentour / on entendait des voix crier
avec une modulation qui veut du sa ble fin / ainsi déjà certains
comptaient sur le désir des autres d'avoir le produit convoité sans l'avoir
fabriqué eux-mêmes_avec leur passoire_et ceux-là avaient raison ; il en était
toujours pour répondre moi; ils en voulaient / c'est ainsi qu'un seau fut
retourné au-dessus d'un château presque achevé et qu'un sable_comble de
l'horreur, et ce fut un drame_et qu'un sable grossier se déversa sur le
château, détruisant pour toujours la pureté et la belle harmonie de la finesse
de la matière qui le constituait jusqu'à ce geste destructeur / c'est ainsi que
l'enfant de quatre à cinq ans découvrit le mensonge et que la parole pouvait
dire ce qui n'est pas
1.2 avenue felix faure chez piault
pharmacien, face au 48, le 45 /
c'est là qu'un jour sa mère, peu courageuse ordinaire, après avoir descendu
l'étage de l'immeuble et traversé la rue_pas dans les clous comme on avait dit
qu'il fallait_et appuie bien sur la
coupure_ déboula / la blouse blanche et l'homme qui était dedans demanda de
tremper le doigt dans un petit bol rempli de liquide_de l'eau_ce qui fut fait /
or ce liquide inerte et sans surprise en avait une en réserve / au moment ou
elle y trempa son doigt, et la coupure qui saignait, l'eau soudain devint
mousseuse / plus tard elle sut que l'eau était oxygénée, qu'elle avait assisté
à sa première leçon de chimie et à une réaction de la dite
1.3 avenue felix faure chez poitreneau
c'était preuve qu'on avait
grandi : avoir la permission de descendre l'étage, suivre le trottoir à droite
et cinq boutiques plus loin entrer chez le marchand de légumes, lui demander
haut et fort_n'oublie pas bonjour
monsieur, s'il vous plaît monsieur, merci monsieur, au revoir monsieur_lui
demander tout haut une livre de poireaux, poireaux qu'il enveloppait dans du
journal, les déposer dans le dit sac à commissions, payer en comptant bien pour
savoir combien il allait rendre comme monnaie, et refaire le trajet en sens
inverse, fière d'avoir réussi toutes les étapes / on avait repoussé, en
longeant cinq immeubles d'une rue parisienne du quinzième arrondissement, la
limite du monde
1.4 avenue felix faure chez taral
si le grand père l'avait
demandé je te fais confiance ma p'tite
fille, on entrait dans le bureau de tabac-café, à quelques pas de la
maison, à l'angle de la rue de la convention et de l'avenue felix-faure,
acheter 1 des gauloises bleues sans filtre 2 des petites ampoules en verre
transparent laissant voir un liquide bleu pâle_il disait des ampoules d'essence_et 3 une boîte de cachou lajaunie
1.5 avenue felix-faure le cheval
il trottait sur les pavés de
cette avenue, tôt le matin, très tôt, ses sabots claquaient pendant un petit
moment puis s'arrêtait / il apportait du lait frais à la crémière, au coin de
la rue Houdart de la Motte / quand on venait lui en acheter elle plongeait une
grande mesure grise en aluminium dans le beau liquide blanc et le faisait
couler dans un pot à lait qu'on apportait vide / le cheval faisait aussi
entendre son pas_et là on pouvait voir son grand corps de bête en pleine ville,
par la fenêtre, il était plus tard_lorsqu'il livrait des grands pains de glace;
on appelait le lieu d'où il venait les glacières / le temps des réfrigérateurs
viendrait un peu plus tard
2.rue de lourmel
l'école religieuse des filles
3.rue lacordaire
l'école laïque des filles
2.3 rue de lourmel rue
lacordaire
lorsqu'on était dans l'une on
pouvait voir la cour de récréation de l'autre par-dessus le mur / deux mondes
séparés par le mur /
4.boulevard victor
le dimanche on allait, en
tenant la main des parents, jusqu'à ce boulevard, près duquel poussaient des
herbes qu'ils disaient folles sur des terrains qu'ils disaient vagues /on
sentait que cela avait à voir avec quelque chose d'indéfinissable, excepté son
côté dangereux et défendu sauf accompagnées des grands / le dimanche on allait
tout près du bout du monde
5.la rue brézin
le quatorzième arrondissement
c'était pour le jeudi / les autres jours de la semaine, dans le quinzième, les
petites_montées sur le petit balcon à cette occasion, remuant leur main en
signe d'aurevoir, quand avant de tourner avec son scooter au coin de la rue
houdart de la motte et de la rue de plélo, il tournait la tête dans leur
direction_savaient qu'il y partait travailler / le jeudi donc accompagnées de
leur mère, elles prenaient le 62 et allaient voir le travailleur dans sa
boutique / on allait au magasin, on avait le droit de passer derrière les
comptoirs et même de s'asseoir à la caisse sur les genoux de celle qui rendait
la monnaie / c'était une ancienne boutique de marchand de couleurs, devenue
après la guerre Les arts et les techniques
en ce temps-là, avenue felix-faure, avenue de la convention, rue brézin, avenue
du général leclerc _autrefois avenue d'orléans avant l'entrée du dit général
dans paris libéré_rue houdart de la motte, avenue du maine, les grands
appelaient les petites bout d'zan
samedi 10 avril 2010
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