atelier d'écriture sur la ville de pierre ménard
du 12 juin dans le cadre de sa résidence à la librairie litote en tête
voici les propositions d'écriture :
détails à lire sur liminaire
#décrire ce que vous voyez en marchant tout en décrivant ce que vous ressentez :
difficulté d'écrire dans la marche, temps, paysage.
#à l'arrêt café,
champ/contre-champ, intérieur/extérieur, dans le café / devant le café,
quartier /rue
#cf Laurent Septier : décrire
en une ligne photo que vous auriez prise : photo potentielle
en compagnie des autres participants dont vous pouvez lire les textes sur liminaire (cliquez sur le lien)
voici ce que j'écrivais
je marche
sur la rive du canal saint-martin, quai de valmy paris 10°
atelier de lecture itinérant de pierre ménard
je marche
puisque la consigne c'est d'écrire
/ décrire ce qu'on voit en marchant
et j'ai attribué d'emblée le en marchant à écrire, et pas à ce qu'on voit
alors je
marche et j'écris tout en marchant
le chaland
jeune skater à casque orange
pavés sous les pieds
odeur de l'eau
anneau en fer
pour quel amarrage
écluse
je pense à simenon
un homme fait des pompes dans un petit jardin d'ombre
sous mes pieds c'est quoi
une moquette verte en plastique
vigilance poubelle dit le plastique vert vide accroché à son anneau
pour les reliefs repêchés sur
le canal
pépiement de moineaux avec bruit d'eau
écluse
ça klaxonne
réverbères déguisés à l'ancienne
l'allumeur a coulé depuis
longtemps
un homme sur un banc lit avec un gros cigare à la bouche
je pense à orson welles
les platanes regardent l'eau qui regarde le ciel
les verts se rencontrent
bouquets d'eleagnus ou de choysias sans fleurs
des petites herbes entre les pavés
des cases métalliques le long des portes de l'écluse exposent déchets détritus
et autres restes qui s'y sont accrochés
comment décrire sur le pont cette plaque métallique au sol ouvragée de points
pendant que je ne peux pas observer plus longtemps car
je marche sur le
pont au-dessus du canal saint-martin quai de valmy paris 10°
les portes de l'écluse bougent
café restaurant le valmy
quelle date la bataille
les voitures coulent à flots inlassablement
leur flot n'est pas celui du canal
celui-là est discontinu voiture après voiture couleur distincte après couleur
distincte
les particules d'eau sont
tellement collées l'une à l'autre qu'elles construisent une nappe
et de même couleur
à nouveau grilles au pied des arbres et pissenlits
pour quelle salade
je marche et j'écris tout en marchant
je vois le sol pendant que j'écris
je vois ce qui m'entoure plus haut plus loin avec le regard périphérique
pour les détails en plan large je lève le nez de mon carnet
j'arrête l'écriture
en contrebas une allée herbacée et pierreuse avec pierres rondes
l'herbe abondante signale
qu'elle est peu empruntée
les nez de marche des trottoirs défilent l'alignement de leurs longs
rectangles de pierre
contraste de couleur de gris avec le bitume
le regard traverse le canal
sur l'autre rive grand bâtiment industriel
il semble abandonné
le mot "exacompta"
je pense aux carnets d'écriture
aux textes échangés sur blogs à leur endroit
moleskine ou clairefontaine
la surface de l'eau montre moins d'objets flottants non identifiés
je lis "131 espace vélos piétons" pendant que mes pieds sentent
toujours le dessin des pavés
photo
jeune homme au balcon remontant la manche de sa chemise blanche
photo
une voûte quai de Valmy avec petite haie de troènes au fond après l'ombre
installation de piquets et barres de fer
marché sans bâches
ils pique-niquent sandwich chez paul
objets flottants identifiés : deux sacs plastiques bleus un blanc un emballage
de ships mais
je marche tout en écrivant et ne peux vérifier la marque
toujours l'irrégularité des
pavés sous les pieds
je la sens très bien à travers la semelle des chaussures
mes chaussures
elles marchent
tantôt l'une tantôt l'autre
construisent un rythme vert anis
elles suivent la nappe vert bouteille du canal à ma gauche
un peu au-dessus sur ma droite le vert des platanes
le vent de la partie
fait rider la surface de l'eau
une musique des mots
m'entraîne dans le courant
mémoire
la fontaine
le moindre vent qui d'aventure
puissance d'évocation d'un assemblage de mots
passé un jour dans notre vie
et faisant retour
un pigeon traverse le canal
au jardin sur la même rive mais de l'autre côté de la rue on s'allonge sur les
pelouses
on s'envole comme on peut
les enfants jouent au ballon
des moineaux pépient dans une masse de vert lierre accrochée au mur
peut-être pas du lierre avec
ces petites grappes fines de feuilles jaune crème
c'est quoi alors
un pont sur le canal
je vois l'absence d'arletty
(même si elle était sur un pont-décor-de-cinéma)
les canards col-vert voguent
à l'écluse attend une péniche
un panneau de signalisation indique espace jemmapes
devantures peintes jaune d'or vert absinthe et rose bonbon
chez antoine et lili
plus possible de continuer sur la longueur du bassin d'écluse
_comment ça s'appelle_
je marche sur des
marches
je fais demi-tour
je vois pierre ménard
suppose qu'il twitte l'atelier
je change encore de sens
reprends la marche un peu en contrebas sur le trottoir cette fois
un petit coup de vent
pas de longueur de cheveux
suffisante pour en faire sentir le passage
pas non plus de jupe ou de robe
mais les joues
s'arrêter
moment du café
pas encore
je continuer à marcher
en marchant retrouve la berge possible
encore un anneau d'amarrage
quel est le mien
tiens voilà la péniche après changement de niveau
elle passe l'écluse
décrire en
marchant
écrire en marchant
je marche et je
tourne la tête pour regarder encore un peu
le mot "aspasia" sur bleu
au sol petites boules vertes hérissées de piquants
sûrement de jeunes bogues de
châtaignes
tombées du nid
je lève la tête
châtaigniers confirmés
interdit aux chiens même tenus en laisse
n'ai pas de laisse
ou du moins pas de celles-là
entre dans une aire de jeu
feuilles de platanes au sol
ça sent l'ombre mouillée
comme un peu déjà l'automne
je marche
je marche
la main gauche tient le carnet
commence à s'essouffler entre poignet et carpes
la mine du crayon s'épuise
vais bientôt écrire avec le bois
sur le papier ça n'ira pas
ah il faut retourner
l'aire de jeu ne dure pas
encore sentir du sol moquette plastique
écrire sans arrêter les pas
plus ralentis qu'une marche sans écriture
qu'y a-t-il d'autre de ralenti
les pieds sentent des petits cailloux sur le marches
avant que les yeux ne les voient
ils n'entrent pas dans la chaussure
ce n'est pas l'heure du scrupule
enseigne : carré revêtements céramiques
bribes de conversation sur la rive du canal saint-martin
"c'est pas l'artiste ...comment s'appelle-t-il ... c'est un
australien"
photo
pignon peint signé bergerol, quai de valmy, paris 10°
bribes de conversation mais pas la même personne que précédemment
: "j'ai toujours rêvé d'être
un artiste ... j'ai toujours trouvé ça ...."
les pigeons roucoulent à trois sur la berge de pierre
un étui de papier à cigarette à côté des pigeons
je pense à fred griot et son JE CLOPE
elles mangent la dernière bouchée de leur sandwich
hygiéniquement correctes
elles se lavent les mains avec le liquide désinfectant obligatoire
difficile
à la caisse d'une pharmacie quelconque
de ne pas voir des amas de flacons en plastique transparent
proclamés gels mains antiseptiques
bribes de conversation : "on gruge les gens ... sur les vêtements
..."
photo
breton sur le canal saint-martin : rue jean poulmach
lever les yeux et voir les nuages
l'écrire en marchant
et voir sur fond de pavés herbes capsules de bouteille et mégots
un avion passe
un autre pont et un pont tournant qui tourne
laisse apparaître dessous ...
photo
canne et couvée de canetons
révélées par ouverture du pont tournant sur canal saint-martin
je marche en écrivant
s'amuser à l'impossibilité
d'observer davantage et de compter les canetons
écrire en marchant
canauxrama et sa ballade touristique et ses touristes qui font bonjour repasse
dans l'autre sens
le bruit du bateau qui glisse sur l'eau
la voix sonorisée du guide touristique
"vous allez pouvoir apercevoir sur votre gauche l'... (le quoi?) de
l'hôpital saint louis"
pas de places à la terrasse de la marne
sur l'autre rive du canal lire puis écrire : salle des ventes aux enchères
eau surfacée avec reflets et détritus surnageant
le vent offre des ondulations au ciel
tiens pas de garde-fous ici
de balustrade
de grilles
pour protéger
au bord du canal
simenon rôde
une qui jogge
cette odeur un peu âcre un peu saumâtre un peu moisie-mouillée
quel mot pour le parfum de
cette eau-là
le soleil
et des ombres
s'arrêter chez sésame café champ contre-champ en terrasse deux clients
viennent de laisser places
je ne marche plus
contre allée champ et ses
voitures garées entre
trottoir et voitures garées allée pour cyclistes terrasse
avec tables carrées revêtement bois mais lequel et pieds ferronniers à l'ancienne
petites chaises de jardin pliantes en fer avec coussins orange un skater
glisse sur l'allée des cyclistes une rangée
de platanes
contre-champ une rangée de hauts
tabourets autour d'un bar en bois .....
j'aperçois des livres derrière la vitre presque vitrine : shakespeare,
jules césar, visible-lisible sur un dos une
corbeille en osier à l'entrée recueille des magazines "papa,
papa" dit une petite voix enfantine
au-delà du canal sur l'autre rive ligne de platanes aussi champ un
grand immeuble moderne à balcons translucides orange, comme de grandes
gélatines-filtres pour projecteurs de scène
ils passent devant la terrasse elle et lui
en chapeaux haut-de-forme-déguisement..........entrent au café.........ils
n'ont plus dix-sept ans
"j'ai pas énormément faim moi" ...........ressortent champ et
s'installent en terrasse
un bouquet de lysanthis autrefois blancs contrechamp continuent de faner en un vase trop
de soleil ou trop d'âge trois
chaises longues repliées le long de la porte d'entrée à côté d'une poussette
tout-terrain-panier-à-commissions-intégré "papa
papa donne-moi la main"
colette magny
chante dans la mémoire réveillée
au fond de la salle au-dessus
du bar immense ardoise-programme
"la nana elle a déjà poussé la voiture de 20 mètres en se garant tout à
l'heure" dit un jeune homme buvant un café à une jeune file qui
l'accompagne et observant la voiture qui manœuvre pour se désenclaver de sa
place champ puis "ils
prennent les tickets restaurants
j'sais pas le samedi"
un ventilateur contrechamp
au-dessus du bar
15h 35 quitte le
sésame et le contrechamp en travelling
en sens inverse je
marche en écrivant j'écris en marchant
du vent du vent des nuages des nuages
klaxons de vélos
les voitures voiturent
au loin j'aperçois une personne svelte, casque de vélo sans vélo, torse nu,
sorte de boxer-short_le temps de l'écriture marchée me rapproche de l'énigme_ le
torse nu se confirme, gants de boxe rouge sang et silhouette pliée d'une
manière que je ne parviens pas à déchiffrer
quel est ce pli
quel est ce ploiement
est-ce douleur
est-ce rire
la position des jambes intrigue aussi
il me semble se protéger de quelque chose
il se tient sur la berge sous
la pile d'un pont
et trois ou quatre personnes stationnent au-dessus de lui
il me semble qu'ils le regardent se penchent vers lui
encore quelques pas et l'énigme va tomber
ce qui tombe ce sont des œufs
crus
et le récipiendaire a l'air consentant
j'imagine un pari
je me retourne pour regarder
encore un peu
mais je continue à marcher
je marche
un homme endormi-couché en travers
sur le rebord béton de la rive_ou dois-je dire du quai_la moitié de sa tête n'y
repose pas
j'imagine un esseulé
un habitant du dehors
un avec pas de logis
un dans un équilibre instable
mais il ne peut pas tomber
dans l'eau
je marche
sur un bâtiment l'inscription : Assainissement de Paris
quid de celui du canal
quelques gouttes de pluie
à nouveau les trois couleurs de chez antoine et lili et la frise des ampoules
colorées pas repérées lors de la marche dans l'autre sens
"en me voyant il refume" dit une jeune fille que je croise
une manif au loin avec sifflets et slogans
décryptage peu probable
crois entendre "qui va là" "où vas-tu"
aperçois de la couleur orange qui s'agite
le bruit fait s'envoler les canards
je marche
la fanfare va me croiser
je vais croiser la fanfare
orange c'est la couleur d'écharpes boa
sûrement acryliques
montées sur tiges de fer et agitées pour la circonstance par les manifestants
impossible de savoir de quoi il s'agit
pas de panneaux
pas de banderoles
pas de distributions de tracts
c'est fête de voisins ou quoi
ils sont tout seuls ou quoi
ça reste entre eux ou quoi
j'entends un "manifestez-vous"
guère plus avancée
je marche
les bruits de cette réunion de joyeux drilles s'éloignent
je m'éloigne des bruits etc
c'est une histoire de sol cette écriture en marchant
c'est par les pieds que ça s'écrit
c'est par le regard périphérique
c'est par les oreilles
pépiements de moineaux dans un
bosquet
je lève les yeux du carnet pour identification du bosquet
je marche
c'est du charme
je marche
je marche
je marche
le temps marche aussi
il est 16 h
l'heure de litote en tête
l'heure de la rue parodi
n'y suis pas encore
tiens revoilà canauxrama
photo assise sur un banc quai de
Valmy paris 10°, femme indienne en sari chantant une mélodie
voilà la rue parodi
16h 05
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