je lis alain subilia chez remue.net
et les lamelles de la mémoire
s'entrouvrent
"passe passe passera la dernière la derniè-re"
dans la grande cour elles chantent la ritournelle
le sang n'a pas encore coulé
entre les cuisses , il est encore loin le morceau de tissu-coton entre les jambes harnaché à une
sorte de ceinture
"passe passe passera"
elles n'entendent pas le glas du futur
et peu la métaphore
pas sur le bord du gouffre des passées
pas dans la ribambelles des alignées couchées
dans les chansons de maintenant
pas dans celles "et à l'heure de notre mort"
"passe passe passera la derniè-re la derniè-re"
sur laquelle dernière les bras vont descendre de leur position haute
autour de quel corps les bras vont descendre et faire leur ronde dernière
l'inquiétude est d'amusement
l'excitation est de jeu
l'effroi funèbre n'est pas de saison
"passe passe passera la derniè-re restera"
ça y est
le couperet des bras est tombé
c'est elle
en route pour la demeure dernière
en route pour humus et cendres
mais non mais non
c'est une chanson
ce n'est que guillotine de comptine
ça compte jeux d'enfance et pour de rire avec du beurre
elle récréent
"passe passe passera la derniè-re restera la p'tite hirondelle"
des hirondelles en rangée piaillent sur un fil invisible le printemps des fleurs
d'avril
pas encore agrafes sur points de suture de décembre
combien déjà 24
elles sont en moins grand nombre les petites joueuses dans la cour de récré
sous l'arche des bras
"passe passe passera la
p'tite hirondelle ... elle nous a donné quatre grains de blé"
le blé entre dans la chanson
les hirondelles volent picorent les grains les sèment ailleurs
la ronde / la fermière / le
fromage qu'est battu /la fille du coupeur de blé
et la grande faucheuse dans la ronde aussi ricane de leur innocence
tiens la cloche sonne la fin de la récré
le pont de ses bras n'est pas encore tombé sur moi
les nuages passent là-haut au-dessus du noisetier
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