la boîte et je m'endors
la boîte en bois à casiers où il installait, pour les contrôler, petit-gris mais surtout kolinski venus de la vallée de l'amour –il aimait bien que ses pinceaux viennent de ce nom-là, en sibérie, martre-kolinsksi par poignées de 12 ou de 24, disait-il buisson, était-ce unité de mesure
avec loupe et petits ciseaux, chaque pinceau minutieusement examiné et décision s'il le fallait de couper un poil qui dépassait de la fleur, juste au-dessus de la virole
la boîte et je m'endors
je m'endors et le jour du couloir j'ai su que pour elle c'était le 2 janvier
pour moi le jour de la boîte en zinc à frigo c'était le 24 février
il dort ou quoi
pourquoi prend–il cet air pincé
pourquoi n'ouvre-t-il pas ses yeux que je retrouve leur bleu
mais derrière moi, inlassable, avance le bruit des feuilles qui tombent
nos pères dorment au lit du poème
et je m'endors
dans quels yeux as-tu posés les tiens avant de les fermer
et il s'endort dort dors d'or
boîte de compas Kern avec tire-ligne, compas, compas à verge, rallonge, pointe sèche
boîte à cirage, il faut qu'elles brillent le matin lorsque les filles partent à l'école, à beaux coups de brosse
et je m'endors
auf auf les filles c'est l'heure de se lever
où est ma boîte de crayons de couleurs koh-i noor hardmuth carand'ache staedtler
et je m'endors
vas-tu te lever c'est l'heure
c'et l'heure de l'enfance
et je m'endors dans les boîtes en fer blanc de la chanson
dans les belles sardines argentées pour les mettre dedans
et les marins qu'il faut pour les pêcher
et cette boîte malacéïne nacrée poudre talc monpelas paris, rescapée d'une étagère de petite armoire d'un cabinet de toilette de l'avenue felix -faure à paris au pays de l'enfance
le cabinet de toilette donnait dans une chambre
dans cette chambre mon lit était le long du mur à côté de celui de ma sœur
aux murs de bergères les tambourins qu'il avait bricolés en veilleuse
pas de tableau
laisse allumer s'il-te-plaît pour s'endormir lumière
et je m'endors boîte crânienne embrumée
dès lors il n'y aura plus moyen sinon visite en somme de porter secours à la terre des pères lycophron ou paul il dormira dormira toujours au sein de la terre et des pissenlits dans sa boîte définitive
pourtant il parlera encore
car je m'endors
et la boîte rouge gardienne de ses mots de jeune homme amoureux de jeune homme prisonnier de jeune homme courageux qui chaque un jour de kriegsgefang a envoyé sa lettre d'amour
boîte qui les contient toutes de celles de pendant cinq ans écrites avec l'espoir et l'amour
la boîte m'en offrira de ces missives quand je voudrai bien ouvrir et soulever le couvercle
je m'endors et j'ouvrirai la boîte déplierai la trame du temps et ferai parler ce qui se tait depuis bientôt soixante dix ans enfermé dans du présent qui attend son heure de fraîche
la boîte de ciseaux à bois, couchés alignés dans de la sciure, panoplie de travail des jeunes gens, fabriquer quelque objet comme cette petite console en bois avec tenon et mortaise marquée de son prénom manuscrit, pour la distinguer de celle de son frère, mordre dans du tendre
console console je m'endors
pas encore les ciseaux des tissandières
moi je suis venue je m'endors te donner vie dans le poème de présent car tu m'as donné vie un jour de belle cabriole et tu es de ceux qui ont continué à me la donner avec glaïeuls tout au long de la tienne sans faillir
d'un coup tu auras disparu costard cravate bouche pincée il a fallu admettre qu'ils t'y couchent il a fallu oser te laisser enfermer là-dedans il a fallu que le sourire niet plus jamais tout a une fin les pioutes je m'endors il a fallu toute une matinée te suivre en boîte c'était du chêne non jusqu'au jardin des morts en boîte je m'endors c'est nous qui cheminons ta boîte sur nos fragiles épaules et pas sur celles des mercenaires borniol c'est nous qui passons les cordes et laissons glisser la boîte jusqu'au fond du trou c'est eux qui officient il a fallu
je m'endors en vie
lui c'est mort qu'il dort
je m'endors
je fichaise je rat de jour et de nuit je signes cliniques je voir b et autour
j'ai tant aimé vous rencontrer dans les grands flux de l'écriture en web-e-toile
il n'y eut pas nevers ni l'hellébore acheté pour offrande et qui devait m'y accompagner pour une rencontre de vif-corps
il y a ce vase d'avril et c'est bien
il y a la boîte lumineuse de l'écriture et de l'échange
paru d'abord vendredi 1° avril 2011 chez christine jeanney pour les #vasescommunicants
tandis que j'accueillais son texte : tableau au semenoir
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