#1
au secours au secours j'ai mal 3°étage pavillon X chambre n, à une largeur de couloir de la tienne, grand vieillard désorientée dans son naufrage, exilée dans sa grande vieillardise, œillet égaré dans un monde sans fleurs, perdue dans son âge tout autant que dans ce service clair d'un hôpital parisien, faiblesse humaine, fragilité drue, perdition ontologique, perdition de chair et d'os — comme elle est visible la charpente osseuse pliée-bloquée aux articulations — toute sa vie rassemblée là entre deux barrières métalliques dans ses appels au secours
#2
les cris de l'extrême désastre — il lui reste un filet de voix audible dans le grand couloir de nuit néonisée — couloir sourd aux cris, sourd à la détresse, sourd à tout ce qui s'épuise et s'écoule, sourd à la mort qui … qui quoi, rôde? se dessine dans l'air? pourtant chariot roulant à l'appui, une infirmière va porter secours, médicaments, paroles douces— tu l'entends depuis ta chambre — tentant l'apaisement — gestes tendres pour mobiliser le grand corps abandonné à la raideur, sourire vers le visage de plainte — et la bouche encore demande le secours, l'appel résonne toujours, résonne, résonne, puis, épuisée, s'éteint, sans doute accompagnée par la chimie d'une médication
#3
le long couloir retournera bientôt aux seuls bruits des chariots roulant vers les soins
le 17 mars 2011
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