du jardin c'est l'heure discrète
de la violette
février finissant
hellébore orientalis
aux côtés de la blanche
petits troupeaux de perce-neige
sur couches de feuilles mortes
crocus en jaune safran
terre se laisse faire et cède racines
aux branches de lilas
petites pointes fermes du tendre vert
à celles des cassisiers
le rose
pivoines arbustivent leur promesse de splendeur
tenue en si petit espace encore
aux aisselles des tiges desséchées
vient la jeunesse des clématites
on avance, à chaque pas sans retour et la grotte est profonde, on avance jusqu’aux grandes lèvres où les phrases flottent dénouées
par-delà les bois, par delà l’hiver, …, je t’envoie mes seins dans leur papier de soie entièrement copiés sur l’envers de mes phrases
au milieu du brillant vert des feuilles
camelia laisse voir touches de rouge
au pied des rosiers encore nus
feuilles de myosotis
feuilles de giroflées
rondes des primevères
bien premières en couleurs
soulangea n'est qu'arbre dénudé portant chandelles grises
mémoire invente la splendeur bientôt déplissée
on attend comme des rois que le monde vienne à nous
…
tout autour, une couronne d'herbes folles,
feuilles dentelées des géraniums sauvages
tiges vert pré des jonquilles
leur jaune un peu visible sous la transparence
l'aventure fomente sous feuilles brunes de tilleuls
pas tout à fait décomposées
on rêve de marguerites
ça pousse dru en nous
libye se libère
aiguilles du pin font matériau
pour ouvrage des oiseaux
c'est l'heure aussi des nids
mes seins ont tant de bouches
et j'en connais les fruits
du jardin c'est langue discrète
guette le mot et son bouquet
calices et bassinets
ce qui frémit au centre
ce qui murmure au fond
ce qui perce perfore traverse
ce qui fourmille manduque grignote
à même la terre
du jardin c'est l'heure discrète
de la vie
insister
gratitude
jardin ô jardin
e-dessin et photos maryse hache
le texte de michèle dujardin est au semenoir ici
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