en rebond avec
Balbutiantes tesselles balbutiantes jusqu'au plafond,
toute la poussière dans le nez, éternue, tousse
Notre-Dame-de-toute-beauté————pfffuuuiiiiitt
héléne sanguinetti, JOUG2, in rehauts 27, revue, p.56
glaïeuls de mon poéme
as-tu peur ai-je pensé
combien dans la plaine quand ils vous ont pris
bombes fusils mitrailleurs
des morts amis à tes côtés
du sang répandu sur les vêtements
sur la terre
étais-tu dans le char
explosion ou rien
comment on fait prisonniers des soldats à la guerre
un jour elle reçut une lettre
Amour et Geneviève la fiancée
si proche il y a si peu
si loin en barbelés mirador
c'était le grand Lieu
camp de l'allemagne
kiegsgefang pas de nom
loin à l'est
arrivée aux baraquements
quel mois quel jour
ils sont là-bas nombreux plus que entrez entrez voyez voyez messieurs sans dames pain eau en ration très petite beaucoup de Rats ô Geneviéve la douce fiancée
ma Chérie nous ne manquons de rien ne vous inquiétez pas mangeons à notre faim n'avons pas froid RAS
ils sont là-bas entassés Typhus Famine resserrent ceinture de leur kaki pantalon enfoncent béret et fument pipes qui fournit tabac les colis
mon tout petit (il a 22 ans) j'ai mis du tabac et des chaussettes dans le colis mais l'as-tu reçu
ne m'envoyez plus de chaussettes j'ai ce qu'il me faut
c'était le kriegsgefanglager
et il rêvait d'amour
il rêvait de chambre avec Celle qu'il aime
une chambre rien que pour eux
avec grand lit et toute la douceur du monde
auf auf c'est l'heure debout les 30
debout les 40
combien êtes-vous dans le baraquement
Faim Typhus
vous partirez travailler à l'extérieur
fermes travail
et tu casses des cailloux et moins Faim
chocolat luxe prends-en un peu
la belle fiancée écrit s'inquiète
le temps mord dans les années
s'en est allé
ne sait quand reviendra
si reviendra
ou disparaîtra loin là-bas
vers l'est
des nuits c'est nuit qui va
des jours c'est jour qui va
dedans c'est long c'est long
dehors RAS
il y a des malades
il y a des morts
tu es toujours là
c'est Geneviève que j'aime
ils sont partis un jour d'été oh la bonne nouvelle ils reviennent un jour d'été ça fait cinq ans un jour la guerre les fait prisonniers pendant et des jours des jours un jour la guerre les libère ils pleurent de bonheur d'horreur tuerie de rien manger si peu vécu de doux sous mirador quoique musique un peu et amis ils crient de pas y croire retour ils sourient dans leurs yeux bleus mésange dans leurs yeux marron dans leurs yeux verts
la belle Fiancée s'appelle Geneviéve
oh la bonne nouvelle
elle pleure de pas y croire
cinq ans qu'elle attend écrit s'inquiéte
de retour
ils quittent le kriegsgefanglager les hommes partent vers chez eux
accompagnés par qui
ils quittent au front la joie même si traits tirés muscles fatigués les maisons sûrement se remplissent de joie de sourires de fleurs
son Amour c'est Geneviéve
pendant cinq ans il écrit
pendant cinq ans il pose sa pensée de colombe
sur cette certitude du retour
voilà le jour de mai où retrouvailles
le rendez-vous est à paris à la librairie de oncle et tante ont bien voulu organiser la rencontre douce et presque secrète lequel des deux fiancés attend l'autre (pour si peu de temps ce jour) qui entre qui reste dehors ils attendent d'être dedans pour s'embrasser bouche cheveux épaules corps si près ce jour ça brûle sans danger ils pleurent ils sourient ils remercient merveilleux jour de mai ou d'août
kriegsgefang n'est plus
avec sa fiancée prénommée Geneviève
il va
vivent
présence de helène sanguinetti :
chez poezibao :hélène sanguinetti
chez remue.net : Hélène Sanguinetti | Ô III
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