ce qui passe dans son regard
quoi
ce jaune dans tout ce noir
c'est moi qu'elle regarde
elle les regarde tous
une absence
à odeur âcre crue
ça fait quoi
ça griffe où
quelque chose arrive
une révélation de pays insu
cette fente rose
au milieu de tout ce noir
comment regarder comme elle
*
"Le monde à hauteur d’enfant."
*
"chemin de consentement" aux allures de prunelles d'or n'est pas un regard qui veut derrière le fer de barreaux dans l'odeur crue du sauvage qui entre dans les narines et laisse abasourdie
qui est-ce pour te regarder comme
qui suis-je toute petite devant ça me fait comme métamorphose à soutenir la vue du noir et de l'or
ça tombe d'où cette folie de vivre noir et or au fond de ce lieu devant des passants observeurs
ça me fait stupeur ça me fait sous le joug d'un spectacle archaïque
soudain elle se déplace le long des grilles de sa cage dans la salle des fauves à la ménagerie du jardin des plantes et elle me regarde encore la panthère noire
il arrive souvent qu'elle vienne faire visite dans les rêves
*
ça vit à quatre pattes noir et feu
ça tire un morceau de viande rose )langue( ça halète ça rebrousse le poil ça retrousse la gueule on voit du blanc pointu dans du rose avec des taches noires )babines( quelquefois bulles blanches dans ce rose ça bave d'autre fois ça se lèche c'est toilette
c'est grand ça passe pas sous la table
c'est grand et quand c'est joyeux ça peut renverser les petits enfants
quand c'est l'heure où la bête veut leur faire fête on les monte sur la table qu'elle fasse sa ronde heureuse autour d'elles sans risques
quand sa démonstration est moins vive on redescend les deux petites filles et la grande bête ne risque plus de les renverser
on peut se coucher à côté d'elle poser sa tête sur son ventre chaud et rester là dans la vie qui passe à odeur de bête
on peut courir dans les bois très loin de camille, notre grand-mère aux animaux, toujours elle nous retrouvera
on peut dormir là-haut dans la chambre de la grande maison aux grincements inquiétants couchée à côté du lit nous sauvera si les bruits trop méchants
la bête bas-rouge s'appelait bergère m'a accompagnée de sa vie dans ma vie d'enfance jusque dans ce petit poème elle est couchée sous le grand noyer
*
il y a le loup de marlaguette il mange des framboises
il y a blanquette la chèvre de monsieur seguin elle mange la mort quand le ciel est violet
il y a la biche de blondin belle biche et beau minon
il y a la bête de la belle et la bête
il y a le poisson de kazuo ohno
il y a le babouin hurlant de bacon
il y a le pélican de musset
il y a les chats : florestan, quinzou, tarzan, billou rouge
il y a l'araignée épeire fasciée
il y a le rouge-gorge sur l'épaule à la butor
*
pincer là
pour que le chant
de la panthère
éclat noir et or
au regard cru des prunelles
encore aux narines
la stupeur âcre
la fente rose aux lèvres sur fond noir
toi devant comme méduse
animalité panthère sort de la cage et s'installe dans la mienne pour toujours )!(
l'animal que donc tu es
*
je te parle devant la panthère
je te parle devant l'énigme noire et or
je te parle devant son regard de prunelles qui me regarde
*
encore et encore son souvenir de robe noire l'or du regard pointant dans le mien
*
ivresse exaltation griserie grâce ferveur quels mots pour dire cette grande émotion de l'inconnue splendeur qui se donne en spectacle derrière les grilles de la pièce des fauves : panthère noire dit l'écriteau
reprise de ce txt paru d'abord chez laurence skivée dans le cadre des vases communicants de juin 2011
voir les vases communicants via liminaire et scoopit
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