... rencognée dans l'antre, douceur fade, couler dans néant bienheureux, petit frisson vague vers autre, autre carcasse, autre univers où se glisser, sans heurt, univers sans doucereuse lutte, sans cris et violences - ou peut-être, si vrai sens ils ont - sans vraie inconscience, univers autre .. mais telle paresse, fatigue, inutilité...
yeux posent, à côté de l'élan d'un bateau lancé en traits par un enfant béni de dons en promesse, un dessin plus mûr - regardent, voient dynamisme d'axes noirs, fouillis vert en lumière neutralisée, aiment la musique, s'attardent sur mots dans tilleul vous êtes aussi,se taisent, envoient vers l'esprit qui se dérobe, refuse, revient, tâtonne, accueille quelquefois le temps mousse vert aux aisselles tilleul on y pose son regard et vient une paix
et vient un jardin, une sensualité, y entrer
élargissement au bord de l'antre, qui va, s'étend au delà des volets bleus - la cour n'est plus - l'olivier vieilli, élargi, fourni, avec toujours en mémoire ses branches lianes folles - le saule rejeté dans un lointain où le mur est maintenant le fleuve voisin, les murs tombés, l'espace devenu immense, presque,
savoir que c'est à cause d'elle, pour l'accueillir, elle la baleine échouée au bord de l'antre - s'approcher, chercher à voir le petit oeil bleu, à toucher ses épaules éblouissantes, leur blancheur nacrée et humide, mais trop elle est, trop grande, trop haute - se sentir si petite que diminuée encore, se voir en girelle royale un peu délavée par les ans, une drôle de girelle survivant dans le cagna de l'air – mais c'est ainsi, ne pas comprendre – girelle éperdue, égarée devant cette masse, cherche sarengs, soeurs girelles, même des bogues, ses minuscules compaings, proies lestes comme elle, pour s'en grandir, et puis renonce...
entreprendre de contourner la présence bénévolante et oppressante, détourner les yeux, jouir de cela qu'elle a amené avec son espace, l'échouée, des buissons d'herbes, les roses anglaises toujours en patience vers pleine terre, un rideau de bambous frémissants dans lequel se perd l'habitué, là bas, dans un creux irréel cétoine morte tombée de coeur pivoine / chélidoine tremble au vent - la lavande est sèche et le thym squelettique - un petit bassin pour voguade vanille blancs nymphéas - lourd vol d'un pigeon qui ne trouve plus le mur, qui se pose sur la bosse glissante de la baleine, qui dérape, donne à son roucoulement de l'effroi, puis du triomphe, est rejoint par les chants des oiseaux de Maryse - pinson fringote pianote, roucoule tourterelle gorge sable - oiseaux comme martinets en traverse signes noirs...
avoir tête empaumée de beauté et senteurs, les suivre des yeux les oiseaux fulgurants – disparaissent derrière queue de la baleine décidément échouée au bord de l'antre, décidément destructrice de souvenirs, blanche mais gentille, qui évente les plantes et la fausse girelle, faisant frémir, se coucher narcisses doubles couleur jaune pâle crème un peu curled, narcisses de poète blanc et cercle rouge au cœur hampe dressée verte – la remercier en tentant de l'humecter un peu avec petit arrosoir, rire de l'absurdité haute de la tentative – et puis, au tournant de la masse le voir lui, s'arrêter - tremblements dans arêtes de girelle - chat roux bruite léger ses rêves de petit fauve
se ruer dans corps humain, se ruer vers l'antre – béer devant volets bleus devenus bois décapé dont se voit belle usure, devant taches de peinture comme signature de ce moment – s'appuyer au mur dans l'antre, reprendre son souffle – se retourner, voir les volets décidément bleus et regretter le bois bruni, ne plus voir la baleine, les fleurs, l'espace, le chat... mais les murs et les plantes amicales dans leurs pots – sourire, égrener jurons et regrets – noter, relire, grimacer, envoyer à Maryse Hache -
espérer qu'elle prendra comme hommage et non pillage les emprunts en italique picorés auprès de ses baleines échouées.
txt : brigitte célérier / e-dessin et photos : maryse hache
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je reçois, ce mois-ci, brigitte célérier au semenoir, tandis que mon text : antre lumière d'encre se lit en ce juin, chez elle, ici, en son blog paumée, splendide mine et ô combien généreuse
nous avons échangé trois de nos images et choisi de vagabonder autour du mot antre
suis bonheur de sa présence sensible ici et la remercie, fond près du coeur, d'avoir accepté mon invitation
cet échange trouve lieu dans le cadre des vases communicants, ensemble polyphonique de création et d'échanges littéraires, lancé par françois bon et jérôme denis. Depuis juillet 2009, le premier vendredi du mois, chacun écrit chez l'autre, blog ou site.
comme chaque mois grand merci, encore à elle, qui tient blog ouvert pour une fluide cueillette de chacun
elle répertorie aussi, chaque mois, tous les participants ici
vous pouvez lire ici tous les textes, réunis par pierre ménard
Cet entre-deux qui ne cherche que le rapprochement... dans le jardin, lieu de douceurs, de lectures et de rêveries... Tiens, y a une fraise qui rougit. Y a pas d'antre qui tienne... mais ventre qui gargouille ; et oeil, yeux qui pétillent ;) Franck
Rédigé par : MémoireSilence | vendredi 01 juin 2012 à 21:09
merci
Rédigé par : brigetoun | vendredi 01 juin 2012 à 08:31