si l'on me voit je suis un monstre de quoi
l'oreiller se tasse un peu derrière l'épaule; par la fenêtre ciel et tilleul rencontrent leur bleu vert, un avion, proche de son arrachage du sol, gronde ses basses, tremblement au ventre
suis au radeau avec carnet, crayon, ordinateur, téléphone, de quoi rester au travail, et penser à colette
sur l'oreiller, petite tache rose brune, vestige d'un peu de confiture de cassis tombée de la biscotte mangée un matin, à l'unisson des mésanges noires ou bleues ou nonnettes, de l'autre côté de la vitre
point de persienne pour s'hypnotiser dans les rais de lumière, leur mouvement sur le mur des bergères, toujours immobiles
point de tambourins transformés en veilleuse par des mains tendres et paternelles
s'il me voit je suis monstre de quoi
la grande peinture bleu foncé et vert d'eau posée contre le mur veille à son tour, et au-dessus d'une commode entichée d'un louis à chiffres romains, un miroir conduisant au souvenir d'un plus grand, apposé solidaire d'une grande armoire, dans lequel, au long de nuits interminables et dans une pénombre décidée, des ombres mouvantes étouffaient leurs cris
contre la vitre, elle posait son front, regard vague dans la mélancolie, et des passants indifférents emplissaient le temps sur le trottoir d'en face; une fumée, cigarette de l'ennui, jusqu'au rideau orange lançait des volutes au goût presque sucré
les marques de sa peau sur la vitre se sont enfuies avec elles vers une éternité
et je suis un monstre de quoi si elle me voit
monstre d'une écriture qui minuscule des restes et du fragile
écrit pour
les nocturnes de la BU Angers | 04, je suis un monstre des solitudes
et paru d'abord dans messages de forum
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2339
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