à partir d'un tweet d'isabelle pariente-butterlin
qui donne le lien vers son texte I. 13.) chez elle aux bords du monde
lien que j'ouvre
je lis le texte
et je me sens lancée dans l'écrirlire
je la vois bondir après le ballon
elle et le vent
bondir dans l'air léger
bondir après l'envol bondissant du bonheur
instant rond coloré jaune vif et toutes les couleurs sur lequel il se détache
bondir après le désir irrépressible de redonner à un enfant le bonheur envolé
touchée au mille de sa sensibilité par ce "trait noir " ou "signe diacritique"
lancée par le vent dans son enfance à elle
car il reste en elle encore place me semble-t-il pour de l'enfance
car il y a en elle un monde de cour d'école
car il y a en elle un monde à hauteur d'enfant
lancée vers tous les ballons qui nous échappent dans l'air léger
et qui viennent habiter l'académie des nuages
Passez, je vous en prie, sauf que je ne sais pas le dire à la femme qui tient d’une main sac et poussette, de l’autre un enfant qui sait à peine marcher et tient lui-même, d’une main mal assurée un ballon jaune vif qui s’envole dans le vent léger, profite d’un autre souffle de vent tout aussi léger pour rebondir, retomber, s’envoler de nouveau encore un peu plus loin dans une autre respiration, alors je me mets à courir après cette tâche de couleur qui se détache sur le bleu, sur le gris, il m’échappe deux ou trois fois, le vent est léger, je n’ai pas envie d’abandonner, il m’échappe mais maintenant je me sens responsable de ce chagrin d’enfant, tant pis pour moi, je n’avais qu’à ne pas commencer cette course ridicule entre moi et le ballon, le ballon et moi, et le vent qui s’en mêle, l’enfant ne nous quitte pas des yeux, je ne le sens bien, moi, comme un trait noir sur le monde, quelque chose comme un signe diacritique, et le ballon jaune, qui s’en amuse, traverse la grande artère, ligne de bruits et de vitesse qui nous entoure, ici personne ne traverse en dehors des passages pour piétons mais qu’importe ? je ne suis pas d’ici, alors je cours après son ballon jaune vif, attrape la ficelle verte, et l’enfant dont la mère n’a surtout pas lâché la main, sinon il se serait joint à notre course, me regarde revenir vers lui avec un air un peu anxieux, la mère me sourit, lui demande de me dire un mot qui doit être merci, lui parle d’une voix enjoué, cherche à lui demander un sourire, évidemment, mais il reçoit la ficelle dans sa main avide, et se recentre sur tout le sérieux de son monde, je crois qu’il est soulagé que je le lui rende et que le vent et moi ne soyons pas partis avec son ballon jaune.
isabelle butterlin, extrait, I. 13. ), in aux bords du monde
et lorsque je lis :
"... cette tache de couleur qui se détache sur le bleu,..."
et
"... le ballon jaune, qui s'en amuse..."
je sens pétiller quelque chose dans la grande marmite de l'insu
petit comme des bulles
(encore une rondeur légère de ballon)
ça vient éclater à la conscience
une bribe de mémoire
et ça bricole "ballon jaune"
mais rapidement ce "jaune" se refuse
et non ce n'est pas jaune, c'est "rouge"
un petit coup de pouce au pétillement de mémoire via gogggle
et oui c'est "ballon rouge" film d'albert lamorisse 1950
le paris de Ménilmontant d'il y a soixante ans et un enfant
je visionne les extraits proposés
et le ballon de la petite fille du film est bleu
comme les colosses-cariatides d'isabelle
le passé est au présent
c'est le présent du passé
je revois
les anciens autobus et leur plate-forme
les anciennes publicités
les anciens pavés
les anciens toits de paris
les anciens caniveaux
les anciens murs abîmés
la manière ancienne de s'habiller
l'ancien vitrier
les anciens immeubles
je vois les anciennes fenêtres
et voilà anne savelli et fenêtres open space
et franck de la même anne savelli chez stock
et ce qu'en dit christine jeanney dans pages à pages
et les oloé toujours de la même
je vois "gare montparnasse" sur le flanc de l'ancien autobus à la station rue ménilmonant je crois
et voilà montparnasse-monde de martine sonnet
je vois le pont du chemin de fer
et je pense aux photographies que j'avais faites un jour d'atelier d'écriture avec pierre ménard rue château-landon paris
je vois les anciennes voitures quatre chevaux aronde deux chevaux
et voilà la deux chevaux de françois bon et son autobiographie des objets
ou celle de notre famille aux entours de 1956
je vois
les anciennes marchandes de quatre saisons
les anciennes vitrines des marchands
les anciens écoliers en rang dans la cour
les anciens maîtres d'école à barbe à chapeau et à blouse
et je reviens au présent du présent
je refais une promenade chez isabelle
dans ce web monde
où se fomente la vie de l'écriture en train de s'écrire
où se trament nos vies
où se tissent les liens autour de l'écriture
richesse d'une nouvelle forme
aventure amitié et beauté
jamais assez le dire assez
à celle
au singulier et au pluriel
au masculin aussi
jamais assez le proclamer assez
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