Rédigé par Maryse Hache le vendredi 22 juin 2012 à 13:49 dans rebond / écho | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Balises: anne savelli, beckett, christine jeanney, christophe grossi, joachim séné, mathilde roux, nuit remue net, rimbaud
elle marche sur la terre – sombre brune - elle marche sous l’ordre rouge du ciel – et le rideau d’arbres s’ouvre grands troncs de noir profond -
un infini se cachait dans chaque motte de terre ou dans la courbure de chaque brin d’herbe / les arbres millénaires ne laissaient pas voir le ciel / ce que l'on croyait connu était en permanence renouvelé, transformé /
j’y vivais il y a longtemps, non loin de là, le soleil est revenu, une laverie où j’allais à sept heures le matin, un épicier y vendait des artichauts cuits et salés, une petite boutique de bouts de bois, des commerçants, rien d’exceptionnel,
Rédigé par Maryse Hache le vendredi 15 juin 2012 à 11:59 dans rebond / écho, vases communicants | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Balises: ana Nb, bois, christogrossi, enfance, franju, frank queyraud, georges didi-huberann, hélène verdier, montouge, orsay, paris, pierre cohen hadria, quotiriens, rebond, vaseco
1
couteau dégonfle baudruche déchire peau de tambour que mouches butinières dégagent sois son féal crève crève sa poche sous le ciel clair que coule ce trop plein de guêpes et d'orties cherche la juste entaille à dégonfle pour échappe peut-être putride vapeur des métamorphoses
@_chsanchezEt le temps présent du verbe être.
Rédigé par Maryse Hache le vendredi 01 juin 2012 à 12:01 dans rebond / écho, vases communicants | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
Balises: rebond, vaseco
- un kolinski tombe -
me prend les pinceaux en vallée de l'amour station paternelle. la courroie de sacoche se défait, pas celle de hambourg, l'autre. je penche. qui quelqu'un me pince. denfert bientôt. sortir.
qui une main me pince pas morte. atteindre sortie wagon ligne porte d'orléans porte clignancourt. ramasser le kolinski poil fragile attention à la fleur. si je pouvais parler geindre crier murmurer bouche reste close. bientôt denfert.
je vois le bonnet dans tunnel. mes birkenstock n'y pourront rien changer. trouve pas ses noires lacées à écraser. le monde se tait, transporté. on va vers denfert. qui quelqu'un me pince. nos corps s'en mêlent.
train roule. bondit on dirait presque. bientôt denfert. j'entends comme respondance de coeur. quelqu'un me parle. je lui offrande pinceau de martre. c'est toi.
Rédigé par Maryse Hache le vendredi 11 mai 2012 à 17:34 dans rebond / écho | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
tu crois far from the past marcher dans le boulevard right now, pieds sur asphalte, seule avec la ville, grande, et c'est un autre âge qui te tient par la main, les arbres ne sont pas les arbres, les immeubles disparaissent et poussent des herbes folles derrière des grillages, ce n'est plus mardi c'est le goût des dimanches ennui et sortie famille, are you lost aux confins. tu entends leur voix courir dans l'air. des portes s'ouvrent dans le temps du boulevard. le temps verse des atomes revenants. tu veux quitter, no return. image suivante : le cheval est là avec carriole et pains de glace. il fera froid dans les fraises ce soir. et le train n'est pas loin c'est d'enfer et rocherau, juste après alésia. elle te donne un petit papier dentelé, tu dis merci.
- je vous connais mademoiselle from autrefois, isn't it ?
- vous avez appuyé sur replay ou quoi ?
- c'est vous et votre iChose !
- vous étiez sur le quai et j'apprenais à lire le titre des stations, c'est ça ?
- la foule dans les wagons, je vous installais sur mes genoux, ça ne vous dit rien ?
- vous aimiez le camphre dans les armoires, alors c'était vous ?
- les anglaises impeccables en cheveux, remember.
- votre chambre était bleue sur chatons de noisetiers, c'est bien ça ?
- shake roses of souvenirs… ça revient toujours pas ?
- vous aviez des yeux bleus mésange le matin, c'est ça ?
- allons voir ailleurs
- et les autres, what do we do with?
- tu n'as rien vu à hiroshima ... longtemps qu'elle est tondue … longtemps que nos aimés disparus sont éternels … couchés au jardin des ombres poudreuses, longtemps qu'on sait qu'ils ne comptent que sur nous pour le remember, que l'errance en nos âmes est leur lot, que le sable de leurs noms coulent entre nos doigts et qu'ils n'accostent plus qu'en nos thoraciques cages, près du coeur.
- on ne peut pas recommencer. bientôt le raidillon. bientôt le terminus. vous le savez que tout n'est pas à ce point topsy-survy. close your eyes the show must go on. le paysage est ondoyant et divers.
- vous n'auriez qu'à dire...dans la rue, dans les boulevards, dans la ville, dans les forêts ...
- passe par le villages je te suis.
- oui c'est ça.
Rédigé par Maryse Hache le lundi 16 avr 2012 à 18:15 dans rebond / écho, vases communicants | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Balises: camphre, cheval, christophe grossi, denfert-rochereau, duras, glace, guillaume vissac, hiroshima, panthère noire, raidillon, rebond
juste i fiée 23 janvié
2012 appel secours twt
sûre i parlerai vivant
sûre parlerai présente
quoi opposite fantômes
goût du sucré en bruns
cristaux candice force
images shots nguyen mi
l'écoute du rouge dans
ta gorge route de paix
au bout de [la] digue[
…] la mer partout […]ô
blanc des robes en cot
on le parfum des roses
au jardin l'endormisse
ment (ne ment pas) des
cétoines en leur coeur
tout l'infini de celle
ceux d'écrirelire lire
crir lui #recuicui isa
bords des mondes celle
todo liste elle paumée
mauricette ou elles ou
elle eux la ribambelle
de nous autres te dira
langoureux c'est rimb)
oh l'adjectif) vertige
de lumière première du
jour petit vivant vois
lumière renée toujours
toujours vois le blanc
des robes coton-pétale
hellébores perce-neige
aigrettes avec graines
pissenlit et cerisiers
prunus pommiers (et du
rose) et enchantements
parfumés discrets nars
cisses de poète à parf
plus capiteux et lilas
et cytise ho voilà les
morts ah reviennent en
nos vies peut-être des
présents nôtres et sur
vivants pour lap temps
mais quelque fois trop
de noir pas assez parf
alors les délaisser et
finissent par paraître
vanished si on résiste
rrebiffe griffent hard
mais quand même ah oui
des fois faut bien bin
cogner sévère bingbong
et la nguyen cache ben
sonorité du sauvage au
fond de gueule denture
acérée crach si besoin
sûr te murmurerai choc
au lat noisette autour
avec vue sur vagues en
blond de grève rhum et
citron-vert saupoudrat
noix-muscade vue délir
rose-bleu-violetcarmin
soleil couchant et ban
ane mangue poulet citr
onnelle sorte de crèpe
à goût curry à tic exo
te parlerai parlerai p
trie paroles parl parl
que fantômes auront fu
i morts déguerpis parl
parlera parle en corps
Rédigé par Maryse Hache le lundi 23 jan 2012 à 23:14 dans rebond / écho | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
Balises: blanc, candice nguyen, fantôme, fleur, lumière, mer, mort, parfum, parole, robe, sauvade, secours, theoneshotmi, vivant
"Mes corps du passé demeurent là. Non pas qu’ils m’attendent, ils n’attendent rien. Ils vivent là leur vie de fantôme, ils jouent entre eux à Colin-Maillard au bord d’une falaise haute de douze mois."
taille étroite
ceinture
corps disparu
bu par les espaces traversés
années de tilleuls et d'ormes
d'aubes et de pluie
ou corps demeurés dans ses lieux
de présence
corps laissé là-bas sur la grève aux algues roses
corps laissé dans la chambre haute
corps laissé dans l'odeur des pins et le cri des cigales
corps laissé sur l'herbe du talus près de la source
corps laissé près de la barre et des chaussons roses
corps laissé en vue directe de cage thoracique
corps laissé à course course course encore et encore
corps laissé en marche sur l'asphalte socquettes blanches de printemps
corps laissé sous les marronniers le rimbaud bleu en lecture
corps laissé sur le sable à l'élastique au bout de la balle bondissante
corps laissé dans la longue robe verte moirée quarante
corps laissé là avec le tien comme roses
"et voilà" pour l'amour
corps présence ici
(le rouge-gorge me regarde ou quoi
la mésange me regarde ou quoi)
Rédigé par Maryse Hache le samedi 21 jan 2012 à 08:30 dans baleine paysage, rebond / écho | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Balises: arnaud maïsetti, ceinture, chien, corps, escalier
en rebond à @anaN2B le jardin sauvage
http://sauvageana.blogspot.com/2011/10/la-nuit-est-maintenant-la-forme-de-deux.html
un jour
la nuit était cette fenêtre dans l'escalier
la nuit était cette fenêtre à vitres colorés
la nuit était ces éclats rouge bleu jaune contournés de lignes noires
la nuit était cette lumière de lune passée par ces couleurs
la nuit était ce léger grincement de fenêtre à deux battants
la nuit était ce bruit inreconnu encore dans l'escalier en chêne
la nuit était cette inquiétude sonore dans l'espace
la nuit était cete chambre d'où lon entendait le gincement répétitif
la nuit était ce grand lit à édredon dans cette chambre
la nuit était le grand chien protégeur au pied du lit de cette chambre
la nuit était la petite veilleuse ampoule qui brûle la peur dans cette chambre
la nuit était ce monde minuscule
un monde immense
Rédigé par Maryse Hache le vendredi 20 jan 2012 à 09:00 dans rebond / écho | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Balises: anaN2B, chien, fenêtre, jardin sauvage, nuit
Rédigé par Maryse Hache le jeudi 19 jan 2012 à 11:00 dans rebond / écho | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
le 13 novembre 2011 je lisais une série de twitts de françois bon qui me lançait dans des twitts miens sur son modèle, en quelque sorte un rebond
il a continué sur twitter et les a réunis sur son blog tierslivre.net sous le titre : conversations avec johnny hallyday
voici la série mienne :
- la folie d'un artiste, disait vladje, est la folie de la vie, funambule de rien toujours prête à la chute dans le noir néant mais qui danse
- écris tes miettes, disait vladje; elles vont dans des petits lieux discrets où se murmure l'histoire des mondes intérieurs
- jouer des couteaux, disait vladje, est déchirure nécessaire; sardines gigotent au fond du puits et la lune rigole de tant de cruauté
- quand la séparation s'annonce, disait vladje, la solitude vrille dans les couloirs et de grandes bêtes métalliques ouvrent des trous
- accepter les 140, disait vladje, et laisser le dehors s'engouffrer au-dedans, qu'ils inscrivent leur lieu de folie dans ta ligne du temps
- les dangers hurlent au fond des vallons, disait vladje, la promenade s'approche des épines et des baies rouges et tu dis oui au soleil
- l'inconfort, disait vladje, est l'escargot de la vie ordinaire - c'est dans l'impatience des bolides que tu formes tes gestes blancs
- les scarifications dans ton soleil, disait vladje, accomplissent des voies de lumière nouvelle; on a le compte, lui disait johnny
Rédigé par Maryse Hache le mercredi 18 jan 2012 à 15:17 dans rebond / écho | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Balises: françois bon, johnny hallyday, twitter, vladje
rebond entrelacé à autobiographie des objets 58 de françois bon
texte mien seul publié aussi dans les commentaires de autobiographie des objets
Nous aurons été des inquiets. Nous n’aurons pas su habiter. Ces maisons dans lesquelles on entrait avaient leur permanence : les vies s’installaient une fois par toutes. Pour ça aussi que les cassures sont si dramatiques : ils n’ont pas appris à faire sans. Pour ça aussi qu’un livre comme Sans famille d’Hector Malot nous harponnait plein ventre.
ils avaient su habiter dans ces maisons deux fois pout toutes une première chacun au fond de leur enfance un au pas de calais à boulogne sur mer une à maisons-alfort une deuxième réunis au fond du mariage en vallée de chevreuse seine et oise dans la rue qui passe sous un grand viaduc . pour ça que l'aubépine des fiançailles plantée à maisons-alfort devait la suivre déplantée et replantée au jardin de la vallée de chevreuse et y entrer en permanence
J’en revois, de ces maisons : comme ces cousins pharmaciens, dans la grande rue droite qui traverse Mirambeau, la maison bien trop grande, ses pièces inutiles et les souvenirs des voyages – eux, qui m’avaient offert Sergent Pepper’s, que je n’aurais eu les moyens de me procurer seul, ou bien même je n’aurais pas osé.
j'en revois de ces maisons : comme celle de ces oncle et tante dans la belle avenue de lamballe du paris seizième maison très grande à piano et salle de bains ou celle de ces autres au fond d'une cour rue falguière quinzième arrondissement de paris appartement à immense couloir courbe au bout duquel était ils disaient l'office et je crois gens de maison dans une immense pièce il y avait deux immenses fauteuils en cuir blond tabac
Ou bien quand les grands-parents, une fois le garage de Saint-Michel en l’Herm vendu, comme on vendrait quarante ans pile de sa vie, s’étaient établis à Luçon, quinze kilomètres, dans une maison où tout de la leur avait pu se poser armoire par armoire et chambre par chambre sans changement.
ou bien quand les grands-parents avaient quitté chacun leur enfance une de l'avenue emile zola l'autre de je ne sais pas où et s'étaient installés au fond du mariage quelques rues du paris quinzième plus loin avenue felix-faure ils avaient posé un buffet une petite vitrine une table six chaises une bibliothèque en acajou avec porte vitrée leur lit et une armoire il y avait un grand fauteuil louis XIII
Au lieu de ça, nous errons, à peine posés dans des villes malades.
sais-je habiter la maison mienne au présent de la vallée de chevreuse quatre fois pour toutes?
J’avance ici à tâtons : j’avais l’image de ce fauteuil, soudain retrouvé en août dernier, dans cette maison de Damvix où je n’étais pas entré depuis probablement vingt ans – ce n’est rien, vingt ans, quand on marche dans ses souvenirs. C’est beaucoup pour une maison : le ciment fatigue, les choses décrépissent, elles sont restées là pourtant, elles n’ont pas bougé, même ce désordre de papier, dans le tiroir du milieu du buffet, on pourrait trier ce qui remonter à quarante ans et plus, et porte les marques manuscrites de tant de décès depuis lors.
j'avance dans le souvenir de ce fauteuil louis XIII toujours là en sa permanence depuis plus de cent ans dans les maisons de la famille et avant en quel lieu. a-t-il été détrempé lors de la crue de la seine en 1910?
Avenue Emile Zola
http://lefildutemps.free.fr/crue_1910/quinzieme.htm#emile_zola
|
il a déménagé peu aprés avec ma grand-mére au fond de son mariage avec fernand avenue felix-faure. il était installé devant la bibliothèque acajou à porte vitrée parallèle à la fenêtre (autant qu'un fauteuil peut -être parallèle à une fenêtre) en face du piano sur lequel était posé un rectangle d'eau dans lequel nageaient quelques poissons rouge. faisait face au fauteuil louis XIII celui de mon grand-père lorsquil recevait visite fauteuil roulant celui-là avec manivelles car il était cul de jatte .
Dans son fauteuil, mon grand-père lisait le journal. J’en revois les vieux cartons, c’était L’Éclair, ou L’Ouest-Éclair avant que ça devienne Ouest-France– peut-être parce qu’à notre visite mensuelle nous les rapportions, les journaux du mois. Dans un garage c’est une marchandise qui a bien de l’utilité, pour protéger un tapis de sol de voiture (il n’y avait pas encore ces housses de nylon qu’utilisent maintenant les garagistes, et pour isoler aussi les pièces de carrosserie à repeindre.
dans son fauteuil roulant mon grand-père lisait Combat. le rituel de la lecture était lié à celui des petites miettes platese et brunes déposées à la surface du rectangle d'eau pour nourrir les poissons rouge. puis venait le rituel de la couverture qu'il disposait autour de sa taille car il allait bientôt prendre sa place de vigie à la fenêtre et il se protégeait d'un petit vent qui passait en bas de la dite fenêtre qui avait nom coulis d'air
et l'usure est venue dans l'assise des visiteurs. fernand ne se déplaçait guére en dehors de la maison et pour cause. il y avait le jour de la tante madeleine à l'haleine nauséabonde raie au milieu et frange au ras des yeux qui lui donnait l'air un peu buté petit ruban noir autour du cou pour tenir les rides véloces venait-elle de bezons où elle a tombeau. il y avait le jour du cousin lucien grand homme autrefois blond ou roux, en âge de grand-père lui aussi, on le disait avec du solennel respect dans la voix ingénieur aux ponts et chaussées un jour d'été où notre famille prenait vacances on apprit sa mort au soleil de la plage . il y avait le jour de la tante georgette elle venait de la rue d'en face houdart de la motte on pouvait lire sur la façade de son immeuble gaz à tous les étages elle aussi raie au milieu air un peu buté elle était originaire d'alsace. il y avait le jour de jacqueline souris. et il y avait tous les jours - l'une habitait le même appartement que le fauteuil, l'autre le cousin habitait l'appartement au-dessus - deux petits mioches juchés sur le fauteuil à goûter au vert paradis à jouer à des jeux au fond de leur enfance à s'inventer des paroles que personne ne retrouve au fond de leur adulteâge
Aucun de nous pour contester à J-C. que cette maison devienne sienne : quand, à dix-huit ans, il a appris qu’il aurait à se passer de la vue, on a tous commencé d’en porter la question en nous-mêmes. Et c’est peut-être pour cela qu’il m’était à la fois si difficile d’y revenir, mais qu’en même temps c’est possible : dans la maison, le fenil, le garage, le jardin et même les conches, J-C. voit. Mais ce qu’il voit, c’est probablement exactement ce que je vois moi au-dedans, incapable de présent. Et donc la cuisine restée strictement à l’identique : que lui importe, à lui, qui voit avec les mains, et ces curieux sens de la présence à distance qui ne nous sont pas accessibles. Là où était l’ancien placard, on traverse le mur. J’ai beau savoir qu’il s’agit d’une ouverture banale à l’excès, de ciment brut (pourquoi J-C. se préoccuperait-il de peinture, et on dirait que les siens ont intériorisé cela aussi, que ça fait partie du partage qu’on lui doit), je ne pourrai jamais franchir cette ouverture sans l’impression que je traverse le placard et les objets qui sont sur les étagères de bois minces, déformées par l’humidité résiduelle et le poids de ce qu’elles contiennent. Ainsi, dans ce qui était leur chambre, et là où je l’ai vu pour la dernière fois, le salut qu’on fait aux morts, le front froid qu’on embrasse et ce curieux visage qu’on ne reconnaît pas [1], presque enfant et rétréci, les mêmes tableaux sont restés aux murs, et pareille la fenêtre qui semble désormais enterrée par la route sans cesse exhaussée, maintenant que Damvix est devenu une étape touristique dans le maraismouillé. Ils ont cassé la cloison et ils ont bien fait : d’ailleurs, à découvrir par la trace au plafond quelle en était l’épaisseur, ça n’a pas dû être difficile. L’armoire aux livres, qui est le terme de celui-ci, mais qu’il n’est pas temps de rejoindre encore, était ici, où il y a de vagues étagères et un journal. Ici aussi le téléphone, et comme c’était le seul aux Bourdettes, le nom du lieu-dit, le 6 à Damvix servait au voisinage, pour les vêlages notamment. L’armoire aux livres est partie au grenier, on devait aller la voir, et puis j’avais ma dose d’intensité, on a gardé ça pour plus tard.
la pièce habitée par le fauteuil on la disait salle à manger. je vois encore au-dedans la table le poële vert bronze avec une petite porte que l'on ouvrait quelquefois pour y glisser un plat que l'on voulait garder chaud à côté une petite vitrine où s'exposait quoi d'autre qu'une petite figurine danseuse espagnole à jupe volants et pois les six chaises et du côté opposé au fauteuil sur un petite table un grand poste de radio avec une petite ligne verte lumineuse trait de repérage des stations et j'entends encore au-dedans une sorte de gazouillis sonore lorsqu'on tournait un bouton qui modifiait la position du trait vert
Il n’aurait pas laissé se perdre du papier comme ça, le grand-père. Les enveloppes reçues par le courrier étaient décollées à l’eau dans une bassine, pendues au fil à linge pour séchage, et recollées à l’envers pour le prochain envoi.
jamais je n'ai vu la grand-mère dans le grand fauteuil Louis XIII
Après son décès, le journal continue d’arriver, de la même façon, à la même heure. Parfois, dans ces quelques mois (au retour de la Villa Médicis), où je m’héberge à Damvix, je romps avant elle la bande brune. Elle le lira après son repas. Je n’ai plus souvenir de comment ils le lisaient, sur les deux fauteuils, à tour de rôle ou en se passant les pages.
aprés le décès du grand-père le fauteuil s'est installé rue brézin quatorzième arrondissement de paris. et c'est le père qui s'y asseyait. il y lisait France-soir et le dimanche le Hérisson. (le buffet avait déménagé chez un petit-fils en province avec la petite vitrine le poste de radio avait disparu dans un cimetière aux objets obsolètes) peu de jours avant sa mort il s'y asseyait encore. il avait habité trois fois pour toutes une au fond de son enfance et deux au fond de son mariage
« On parle de toi dans le journal », dépôt aussi de l’autorité symbolique : les accidents ou les prouesses. Peut-être que plus tard, dans ma propre famille, un bout d’article dans Ouest-France (y compris dans celui où, après inversion de ma photographie et de celle de Leslie Kaplan, les critiques des deux livres étaient inversées aussi) valait pour preuve bien mieux que le livre lui-même – mais il fallait qu’il s’agisse d’un journal légitime sur le territoire même, leMonde par exemple n’opérait pas.
aprés la mort de mon père, c'est dans le fauteuil Louis XIII que ma mère pleurait et lisait les journaux
La permanence serait dans ce rapport au verbe habiter : l’isolement où on est, comment le relier à la communauté. Les lettres et le courrier postal l’accomplissent pour le domaine privé, le journal s’en fait la médiation pour le domaine public. Il se trouve que pour nous désormais les deux instances en gros se rejoignent, sans pourtant se confondre. Le temps de veille que j’organise est évidemment variable, n’est plus conditionné par la source unique du journal parce que c’est celui-ci dont on se saisit gare Montparnasse, ou bien qui vous arrive par la poste. Le matin, vers 5h, dans ma rue, j’entends le bruit de la Mobylette qui délivre à quelques personnes La Nouvelle République du Centre-Ouest, que pour ma part je ne lis pas – n’étant pas dépendant du territoire départemental ou régional pour mes activités.
je ne lis plus guère les journaux papier et ma grand-mère s'appelait blanche
Quand l’heure de lecture était finie, ma grand-mère avait pour autre rituel de partir chez Blanche, la voisine, et lui porter le journal lu, en rapportait le journal de l’avant-veille, parce que Blanche à son tour avait passé celui de la veille à sa voisine, qui ne connaîtrait jamais la vie du monde autrement qu’à un jour de décalage. Presque une propagation de liens pour nous aujourd’hui, partageant les articles repérés, selon les diverses communautés qui sont les nôtres, et chacun ses intersections propres de communauté.
je ne me souviens pas avoir jamais vu ma grand-mère lire un journal
J’approche progressivement de l’armoire aux livres, qui sera mon terme, dans la pièce désormais sans cloison où je revois le front dur et blanc du grand-père mort.
le fauteuil Louis XIII habite maintenant une maison de l'ancienne seine et oise, dans la rue qui passe sous un viaduc. on y voit certains jours à côté d'une fenêtre une femme assise lisant écrivant sur un rectangle plat et lumineux
Au mois d’août dernier, j’ai revu ce fauteuil, comme à la fois surpris qu’à écart de vingt ans, en rotin fragile, il ait pu ne pas s’éloigner de la fenêtre avec la lumière, et du petit convecteur électrique, à la fois dans la certitude que c’était normal. Peut-être que J-C., propriétaire désormais de la maison, utilise le fauteuil pour cette légitimité même. Moi j’y revoyais le moment, après repas, qui était réservé à la lecture du journal : l’identification qu’on a à l’information quand elle est liée à celui de votre communauté, qui était d’abord celle d’un pays, la commune, le canton, le département – puisque ainsi était construit le journal –, pour eux qui savaient encore habiter. Ce ne l’est plus pour nous.
Rédigé par Maryse Hache le samedi 14 jan 2012 à 14:35 dans rebond / écho | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Balises: autobiographie des objets, av felix faure, fauteui Louis XIII, françois bon, habiter, rue brézin, vallée de chevreuse
rebond à todo liste, 194 de christine jeanney et photo @françois bon
merci à christine de me laisser "piller" la photo, et françois, je crois, ne m'en voudra pas
photo @fbon dans todo liste, 194 de christine jeanney
Rédigé par Maryse Hache le samedi 07 jan 2012 à 17:34 dans rebond / écho | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
rebond à @laurent margantin
Le papier peint à fleurs rose
http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article1304
que fait-elle devant le papier peint à roses bleu / ses mots parlent bleu dans la mandoline / ses larmes peut-être bleu sur les vitres / sa mémoire bleu sur le papier peint des bergères d'autrefois (le couvre-lit aussi, velours bleu) ; il est temps de rentrer tes blancs moutons
Toute la scène est rose dans ce coin d'appartement où il y a une fenêtre donnant sur un monde gris.
la bouche de la femme à côté de lui parle en mots bleus, assortis au tailleur de la cérémonie, petit chapeau bleu, aigrette bleue et escarpins talons bleu aussi / la cravate de l'homme à ses côtés joue bleue sombre la tradition milieu de chemise, cigarette au doigt, gauloises bleues
toute la scène est bleue dans cette chambre d'appartement tournée pour l'après-midi de cérémonie en salle (bien modeste) de réception / la fenêtre donne sur l'avenue / le premier étage et les arbres tiennent la lumière grande à l'écart
les photos des jours de cérémonie sont souvent tristes; est-ce une tristesse
à quoi prédispose la photographie ?
cette photo-là est triste / ça se fige devant du bleu, ça se fige dans du bleu / ça se fige bleu / pourtant le bleu vie de ses yeux / mais là, le vif a disparu / reste une sorte d'éternité de papier peint photographié bleu avec des roses
que fait-elle devant le papier peint à roses bleu / rentrez, blancs moutons, voici venir l'orage
Rédigé par Maryse Hache le vendredi 11 nov 2011 à 00:26 dans rebond / écho | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Balises: bleu, laurent margantin, papier peint, rose
en lien avec candice nguyen :
http://www.theoneshotmi.com/2011/10/celui-qui-pleure-la-veille-de-la-nuit.html
un +++ ajouté à un RT de @mahiganl sur twitter (quel vocabulaire crypté!) ne suffit pas à te dire / que dire / ne pas allumer les mots et "attendre ce qui peut survenir" / mais pleure l'impossibilité de s'absenter de nos molécules. nous empêchent de parcourir l'espace qui nous sépare, à l'instant même de l'éclair-désir. et .. quoi, si possible. lancer mes bras en corbeille autour de toi .. entrer dans ta pleurade pour entremêlure de salé.. puis un peu d'embrassade, joue à joue comme jeu d'édredons, il y aurait aussi épaule contre épaule. / mais non / alors me réjouir de cette possibilité de menuiser les mots. et se lancer dans dire /
dans la nuit noire de ta fenêtre the one shot dépose petites lettres de lumière. la nuit pleure à petits sauts. déroule litanie des ratures, des ceux qui ont disparu, qu'on a laissé glisser dans l'oblivion, des bêtes aux abois et autres animaux que nous sommes, de ce qui nous a quittés et l'enfance, de nos dérisoires manquements, attentes déçues et oh il n'y a pas de mer ici. bonheur qu'il y ait du merci, de la rêve-rie, du shot mi "ce qui peut survenir dans une chambre vide" toi
Rédigé par Maryse Hache le samedi 29 oct 2011 à 15:13 dans rebond / écho | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
Balises: arnaud maïsetti, candice nguyen, pleurer
Rédigé par Maryse Hache le lundi 03 oct 2011 à 08:00 dans rebond / écho | Lien permanent | Commentaires (2) | TrackBack (0)
Balises: françois bon, hache-calippe, les arts et les techniques, letraset, mecanorma, normographe, publienet, rotring, tierslivre
aujourd'hui sur twitter je lis ces deux twits de candice n'guyen :
twitter 15/09/2011 10:41
@theoneshotmi
Retombe par hasard sur échanges entre @Marysehache et moi et en suis encore toute émue. Hanoi les petites boites en bois trésors rencontres.
twitter 15/09/2011 10:57
@theoneshotmi
Puis ma réponse à @Marysehache parce que tte émue toujours http://j.mp/dhzfmf Terre rouge brume flancs des montagnes caféiers théiers napalm
hier je lisais chez elle, dans son blog the one shot mi, cette page et je préparais rebond quand ces j'ai lu les twits rapportés ci-dessus
cette coïncidence me touche et me plaît
quelque chose continue de se tisser entre nous, à la fois sue et insue
voici mon texte de rebond
paris le 62 alésia hôpital boucicaut / hôpital boucicaut alésia
remonter le fil des rues brézin mouton-duvernet ernest-cresson daguerre
au présent recomposé via te lire ça me shot sortir de chez mes parents rue brézin, emprunter l'avenue du gal leclerc - noël ou mai? - traverser avenue du maine et attendre le 62 au bout de la rue d'alésia et là, dans le bus bondé
soudain au travers de la vitre en buée d'hiver - alors bientôt noël - elle la voit
l'une descendait bientôt du bus, et l'autre, qui l'attendait, prenait sa main pour dire bonjour
elles allaient marchant vers la rue daguerre - elles parlaient d'hanoï, des petites boîtes à souvenirs, d'hélène baky, des glaneurs et de la glaneuse, elles épuisaient le temps au café, elles faisaient détour par le petit square de la mairie, elles évoquaient ancêtres, voyages, projets et rêveries, vase en cristal de bohême rouge grenat que l'une avait trouvé dans la maison de ses aïeux, textes qu'elles versaient dans le temps
quelquefois elles allaient jusqu'au lion de belfort, place denfert-rochereau, puis boulevard saint-jacques sous les allées de marronniers - quelle beauté ces grappes blanches - tiens, déja mai - traversaient rue de la tombe-issoire, le métro devenait aérien, pousuivaient leur promenade, regardaient encore une fois dans la vitrine les petites figurines en bois chez le marchand de jouets, et ...c'était bien la rue glaciére, non ? - leur bavardage audible alors s'arrêtait
chacune accostait ses "zones de turbulence" muettes : elles avaient aperçu au bout de cette rue glaciére, l'entrée de l'hôpital sainte-anne, et le petit troupeau des peurs faisait en elles leur chemin
la mémoire jouait à saute-moutons
attendre le 62 station alésia dans le présent recomposé - le voilà, bondé, en buée - c'est décembre, bientôt noël, et comme tous les matins de semaine, je monte dans le bus pour aller à l'école, je descendrai à la station hôpital boucicaut, quelques pas rue de la convention, tourner rue de lourmel et droit sur l'école, direction futur, vers candice
Rédigé par Maryse Hache le jeudi 15 sep 2011 à 15:42 dans rebond / écho | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
en rebond avec françoise morvan / sur armand robin
autour du sang
autour du ventre
mordue
tu n'es peut-être pas bien loin de t'expliquer avec les étoiles
c'est bien tôt
et seras à jouer
avec les hirondelles et les écureuils
à dormir avec les chats et les coccinelles
à te lier indissociablement
à parfum de mimosa in saecula saeculorum
être mêlée dans la partition du monde
Rédigé par Maryse Hache le samedi 10 sep 2011 à 10:05 dans quand C'est cRâne, rebond / écho | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Balises: armand robin, entre, françoise morvan, hirondelle, in saecula saeculorum, mimosa, monde, mort, remue.net, végétal, étoiles
en rebond avec
Balbutiantes tesselles balbutiantes jusqu'au plafond,
toute la poussière dans le nez, éternue, tousse
Notre-Dame-de-toute-beauté————pfffuuuiiiiitt
héléne sanguinetti, JOUG2, in rehauts 27, revue, p.56
glaïeuls de mon poéme
as-tu peur ai-je pensé
combien dans la plaine quand ils vous ont pris
bombes fusils mitrailleurs
des morts amis à tes côtés
du sang répandu sur les vêtements
sur la terre
étais-tu dans le char
explosion ou rien
comment on fait prisonniers des soldats à la guerre
un jour elle reçut une lettre
Amour et Geneviève la fiancée
si proche il y a si peu
si loin en barbelés mirador
c'était le grand Lieu
camp de l'allemagne
kiegsgefang pas de nom
loin à l'est
arrivée aux baraquements
quel mois quel jour
ils sont là-bas nombreux plus que entrez entrez voyez voyez messieurs sans dames pain eau en ration très petite beaucoup de Rats ô Geneviéve la douce fiancée
ma Chérie nous ne manquons de rien ne vous inquiétez pas mangeons à notre faim n'avons pas froid RAS
ils sont là-bas entassés Typhus Famine resserrent ceinture de leur kaki pantalon enfoncent béret et fument pipes qui fournit tabac les colis
mon tout petit (il a 22 ans) j'ai mis du tabac et des chaussettes dans le colis mais l'as-tu reçu
ne m'envoyez plus de chaussettes j'ai ce qu'il me faut
c'était le kriegsgefanglager
et il rêvait d'amour
il rêvait de chambre avec Celle qu'il aime
une chambre rien que pour eux
avec grand lit et toute la douceur du monde
auf auf c'est l'heure debout les 30
debout les 40
combien êtes-vous dans le baraquement
Faim Typhus
vous partirez travailler à l'extérieur
fermes travail
et tu casses des cailloux et moins Faim
chocolat luxe prends-en un peu
la belle fiancée écrit s'inquiète
le temps mord dans les années
s'en est allé
ne sait quand reviendra
si reviendra
ou disparaîtra loin là-bas
vers l'est
des nuits c'est nuit qui va
des jours c'est jour qui va
dedans c'est long c'est long
dehors RAS
il y a des malades
il y a des morts
tu es toujours là
c'est Geneviève que j'aime
ils sont partis un jour d'été oh la bonne nouvelle ils reviennent un jour d'été ça fait cinq ans un jour la guerre les fait prisonniers pendant et des jours des jours un jour la guerre les libère ils pleurent de bonheur d'horreur tuerie de rien manger si peu vécu de doux sous mirador quoique musique un peu et amis ils crient de pas y croire retour ils sourient dans leurs yeux bleus mésange dans leurs yeux marron dans leurs yeux verts
la belle Fiancée s'appelle Geneviéve
oh la bonne nouvelle
elle pleure de pas y croire
cinq ans qu'elle attend écrit s'inquiéte
de retour
ils quittent le kriegsgefanglager les hommes partent vers chez eux
accompagnés par qui
ils quittent au front la joie même si traits tirés muscles fatigués les maisons sûrement se remplissent de joie de sourires de fleurs
son Amour c'est Geneviéve
pendant cinq ans il écrit
pendant cinq ans il pose sa pensée de colombe
sur cette certitude du retour
voilà le jour de mai où retrouvailles
le rendez-vous est à paris à la librairie de oncle et tante ont bien voulu organiser la rencontre douce et presque secrète lequel des deux fiancés attend l'autre (pour si peu de temps ce jour) qui entre qui reste dehors ils attendent d'être dedans pour s'embrasser bouche cheveux épaules corps si près ce jour ça brûle sans danger ils pleurent ils sourient ils remercient merveilleux jour de mai ou d'août
kriegsgefang n'est plus
avec sa fiancée prénommée Geneviève
il va
vivent
présence de helène sanguinetti :
chez poezibao :hélène sanguinetti
chez remue.net : Hélène Sanguinetti | Ô III
la page de l'auteur chez remue.net
chez publie.net (Une pie)
Rédigé par Maryse Hache le lundi 22 août 2011 à 01:43 dans paul, rebond / écho | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Balises: geneviève, glaïeul, guerre, hélène sanguinetti, joug, kriegsgefang, paul, publienet, rehauts, stalag VIIIC, typhus, zagan
à partir d'un tweet d'isabelle pariente-butterlin
qui donne le lien vers son texte I. 13.) chez elle aux bords du monde
lien que j'ouvre
je lis le texte
et je me sens lancée dans l'écrirlire
je la vois bondir après le ballon
elle et le vent
bondir dans l'air léger
bondir après l'envol bondissant du bonheur
instant rond coloré jaune vif et toutes les couleurs sur lequel il se détache
bondir après le désir irrépressible de redonner à un enfant le bonheur envolé
touchée au mille de sa sensibilité par ce "trait noir " ou "signe diacritique"
lancée par le vent dans son enfance à elle
car il reste en elle encore place me semble-t-il pour de l'enfance
car il y a en elle un monde de cour d'école
car il y a en elle un monde à hauteur d'enfant
lancée vers tous les ballons qui nous échappent dans l'air léger
et qui viennent habiter l'académie des nuages
Passez, je vous en prie, sauf que je ne sais pas le dire à la femme qui tient d’une main sac et poussette, de l’autre un enfant qui sait à peine marcher et tient lui-même, d’une main mal assurée un ballon jaune vif qui s’envole dans le vent léger, profite d’un autre souffle de vent tout aussi léger pour rebondir, retomber, s’envoler de nouveau encore un peu plus loin dans une autre respiration, alors je me mets à courir après cette tâche de couleur qui se détache sur le bleu, sur le gris, il m’échappe deux ou trois fois, le vent est léger, je n’ai pas envie d’abandonner, il m’échappe mais maintenant je me sens responsable de ce chagrin d’enfant, tant pis pour moi, je n’avais qu’à ne pas commencer cette course ridicule entre moi et le ballon, le ballon et moi, et le vent qui s’en mêle, l’enfant ne nous quitte pas des yeux, je ne le sens bien, moi, comme un trait noir sur le monde, quelque chose comme un signe diacritique, et le ballon jaune, qui s’en amuse, traverse la grande artère, ligne de bruits et de vitesse qui nous entoure, ici personne ne traverse en dehors des passages pour piétons mais qu’importe ? je ne suis pas d’ici, alors je cours après son ballon jaune vif, attrape la ficelle verte, et l’enfant dont la mère n’a surtout pas lâché la main, sinon il se serait joint à notre course, me regarde revenir vers lui avec un air un peu anxieux, la mère me sourit, lui demande de me dire un mot qui doit être merci, lui parle d’une voix enjoué, cherche à lui demander un sourire, évidemment, mais il reçoit la ficelle dans sa main avide, et se recentre sur tout le sérieux de son monde, je crois qu’il est soulagé que je le lui rende et que le vent et moi ne soyons pas partis avec son ballon jaune.
isabelle butterlin, extrait, I. 13. ), in aux bords du monde
et lorsque je lis :
"... cette tache de couleur qui se détache sur le bleu,..."
et
"... le ballon jaune, qui s'en amuse..."
je sens pétiller quelque chose dans la grande marmite de l'insu
petit comme des bulles
(encore une rondeur légère de ballon)
ça vient éclater à la conscience
une bribe de mémoire
et ça bricole "ballon jaune"
mais rapidement ce "jaune" se refuse
et non ce n'est pas jaune, c'est "rouge"
un petit coup de pouce au pétillement de mémoire via gogggle
et oui c'est "ballon rouge" film d'albert lamorisse 1950
le paris de Ménilmontant d'il y a soixante ans et un enfant
je visionne les extraits proposés
et le ballon de la petite fille du film est bleu
comme les colosses-cariatides d'isabelle
le passé est au présent
c'est le présent du passé
je revois
les anciens autobus et leur plate-forme
les anciennes publicités
les anciens pavés
les anciens toits de paris
les anciens caniveaux
les anciens murs abîmés
la manière ancienne de s'habiller
l'ancien vitrier
les anciens immeubles
je vois les anciennes fenêtres
et voilà anne savelli et fenêtres open space
et franck de la même anne savelli chez stock
et ce qu'en dit christine jeanney dans pages à pages
et les oloé toujours de la même
je vois "gare montparnasse" sur le flanc de l'ancien autobus à la station rue ménilmonant je crois
et voilà montparnasse-monde de martine sonnet
je vois le pont du chemin de fer
et je pense aux photographies que j'avais faites un jour d'atelier d'écriture avec pierre ménard rue château-landon paris
je vois les anciennes voitures quatre chevaux aronde deux chevaux
et voilà la deux chevaux de françois bon et son autobiographie des objets
ou celle de notre famille aux entours de 1956
je vois
les anciennes marchandes de quatre saisons
les anciennes vitrines des marchands
les anciens écoliers en rang dans la cour
les anciens maîtres d'école à barbe à chapeau et à blouse
et je reviens au présent du présent
je refais une promenade chez isabelle
dans ce web monde
où se fomente la vie de l'écriture en train de s'écrire
où se trament nos vies
où se tissent les liens autour de l'écriture
richesse d'une nouvelle forme
aventure amitié et beauté
jamais assez le dire assez
à celle
au singulier et au pluriel
au masculin aussi
jamais assez le proclamer assez
Rédigé par Maryse Hache le lundi 13 juin 2011 à 19:29 dans rebond / écho | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Balises: anne savelli, ballon, ballon rouge, christine jeanney, franck, gare de l'est, isabelle pariente, marine sonnet, montparnasse-monde, nuage, oloé , pierre ménard, vent, web-monde, écrirlire, écriture
c'est écrire du ventre qu'il faudrait
c'est écrire du ventre avec les guts qui restent
écrire sans savoir écrire quoi
remuer dans les plis des draps
regarder le feu dans la cheminée
le fauteil rose opéra
les deux hautes fenêtres
les poutres grises du plafond
c'est écrire du ventre qu'il faudrait
dans la nuit du domaine
dans la nuit du web
où personne à lire à voir à écouter
rien que soi son ventre et la vie de la grande campagne qui s'étend là dehors
au milieu des grands arbres des murs de pierre des pieds de vignes et des petits buis
le long de l'allée d'arrivée
les murs de la grande bâtisse majestueuse ne laisse passer que
la douleur et les émotions
en lisant fièvre de joachim séné, chez lui : fragments chutes et conséquences.
Rédigé par Maryse Hache le mercredi 23 fév 2011 à 22:22 dans rebond / écho | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
c'est presque chez elle
mais tiens où est passée sa sœur
et sa mère
ah oui sa mère est morte depuis déjà longtemps
alors qu'elle résidait chez miss parkinson
sa sœur partie elle aussi mais avec l'amour
chez mister loup
elle était donc restée là
dans cette petite rue
avec paul
sûrement lui qui avait ripoliné la porte
le drame chuchoté n'en était pas un pour paul
le mot même en la circonstance lui avait semblé tellement déplacé
il en était resté hébété
ce que certaines gens peuvent raconter comme bêtises stupides
à moins que stupidités bêtes
— vous ne connaissez pas le bonheur d'avoir des enfants, vous monsieur
— mais comment monsieur j'ai deux filles
— oui je sais bien un vrai drame vous n'avez pas de fils
la maison où l'on avait entendu ces phrases proférées par un colonel borné
avait été quittée il y a bien longtemps déjà
ce qui me fait douter que ce fut vraiment chez eux c'est cette petite plaque grise
dans l'épaisseur du mur blanc breton où niche la porte
il me semble qu'il y avait bien une plaque mais plus grande et disposée sur la façade au-dessus de la porte
et elle portait commémoration de kikoïne
en tout cas si c'est bien chez eux
il faut se dépêcher et frapper matin pour voir paul
un 14 février
car bientôt un peu avant 7 h il est mort
aux dernières nouvelles maryse est toujours là
j'ai écrit ce texte après avoir lu celui de brigitte célerier, dans son blog : paumée, texte publié le mardi 22 février http://brigetoun.blogspot.com/
que je reproduis ici avec l'image qui l'accompagnait :
La maison de Paul et Maryse, dans la petite rue, au centre de ce trio lié par la proximité, la simplicité, et cette épaisseur des murs qui créait des petits trous d'ombre pour nicher les portes, avait été badigeonnée dans un blanc dur, digne d'un port de mer breton, comme un petit regret affiché pour, s'en étant débarrassé, tourner la page de leur passé et s'attacher à se faire une nouvelle vie ici. Pas si différente pourtant, puisqu'ils avaient investi ce qu'ils avaient pu sauver (à vrai dire on chuchotait qu'ils avaient connu un drame, ou peut-être presque, ou de simples ennuis, mais on n'en savait pas plus) dans l'achat d'un petit restaurant dans une ruelle près des halles, et sa transformation en une crêperie, rapidement recommandée par un journal local.
(14 février)
Rédigé par Maryse Hache le mercredi 23 fév 2011 à 21:44 dans rebond / écho | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
ainsi soit-il nous serons messagers qu'il envoie dans le monde entier annette inconnue alors sauf camarade — ça ne disait pas copine — de classe
et ça se chantait à tue-tête — couverte d'un béret bleu marine ou d'un foulard bleu marine lui aussi
à la chapelle du 116 bâtiment jouxtant l'école agenouillées assises debout on venait à la messe du matin en semaine juste avant les cours
à la chapelle du 112 dans l'école agenouillées assises debout on venait pour les messes spéciales — lesquelles _ et pour la confession rituellement— une fois tous les combien — agenouillées c'était l'heure de la mauvaise haleine soufflée entre les ajours de la fenêtre du confessionnal après qu'il l'ait tiré pour l'ouvrir— et qu'est-ce qu'on a bien pu faire comme péché, par pensée, par parole, par action, et par omission — alors en inventer quelques uns on les aura sûrement commis
les délices de l'encens fumaient depuis une sorte d'œuf métallique coupé en deux qui en permettait l'ouverture il pendait au bout d'une longue chaîne métallique elle aussi tenue par un officiant en habit de velours et balancé au bout du bras et promené dans la grande allée centrale dite nef — celle des fous fit son entrée un peu plus tard l'encensoir en harmonie du soir aussi
quand la petite cloche sonnait trois fois — trois fois ou ça fait confusion avec le reniement de pierre avant que le coq ne chante deux fois — c'était l'instant solennel où un autre officiant dans le centre dit le chœur levait ses bras et tenait entre ses mains un rond blanc et plat dite hostie et où il fallait baisser les yeux voire la tête car ça ne se pouvait regarder en face — comme la mort ou le soleil mais ça ça se saurait plus tard — pour l'heure c'était l'élévation avec effets de manches ou effet de matériel d'or dit ostensoir — son souvenir en nous brillerait bientôt
l'orgue c'était en ville pour les jours solennels ou pour le dimanche on marchait dans la nef bien alignées et dans la grande bâtisse de pierre silencieuse jusqu'à la grande rosace là-haut on chantait des cantiques elle nous les rendait en échos décuplés le recueillement se mettait à éclater il y avait de la vibration dans le froid de l'air
la grande conque en pierre avec bénite l'eau c'était aussi en ville derrière l'immense porte en bois de l'église un peu avant la rue du marché où s'achetaient les cartables en cuir
et les fonts baptismaux — pour plus tard la fontaine — pour l'heure on y croyait au fond même si on ne voyait guère de profondeur — on n'oubliait pas l'histoire de l'homme de peu de foi qui voulait voir avant de croire — et les fonts pour baptèmes avec chrème saint parrain sel marraine et dragées sur la gauche en retrait dans une chapelle absidiale — pour un peu on serait venu rien que pour l'adjectif
litanie des ora pro nobis entendus entendus entendus tellement un jour de messe en Italie que — latin à l'accent italien oblige — ça litanisait des écrevisses et c'était fous rires contenus et bleu marine sur bancs de bois ciré
les chapelets les guimpes les voiles les cierges et leur lueur la lumière par le vitrail
elle qui regarde droit devant l'annonce elle s'étonne mais elle lui dit oui à l'ange à la robe rose pâli dans l'autre chapelle l'enfant aux belles joues dans l'autre juste trois ou quatre pas et comme il est grand dans ses bras et tout en abandon et tout en douleur et passion
ça disait tu es poussière et tu retourneras poussière l'heure était à l'assentiment soit-il et il y avait un mercredi des cendres pour nous la mettre au front c'était introit au carême et son cortège de pénitence après le gras du mardi jusqu'à l'agneau de pascali
ce jour-là béni entre toutes les journées et sans entrailles un pape appelé araignée bénissait à bras saints urbi et orbi
dans le narthex — plus tard presque poème en x à lui tout seul — pour l'heure mot qui imposait respect comme le lieu et le petit lumignon rouge du reposoir au fond dans le chœur près du tabernacle — non pas chabernac avec goût de réglisse
introibo ad altarem
et si c'était vrai même si on n'était pas dignes de le recevoir qu'il dise une parole et on serait guéri
en rebond à Litanie de daniel bourrion, chez publie.net
Rédigé par Maryse Hache le vendredi 31 déc 2010 à 16:36 dans rebond / écho | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
Balises: ainsi-soit-il, ange, baudelaire, choeur, confessionnal, daniel bourrion, encensoir, litanie, mallarmé, marie, narthex, ostensoir, publie.net, reposoir, tabernacle
la peine de mort déjà depuis longemps
et au décret du quand c'est cRâne
soumission
impossible soustraction
ils avaient beau bonnets bandeaux chapeaux
turbans à mèches artificielles
d'autres
sortaient leur crâne d'œuf à nu
quand c'est cRâne c'est cRâne
pourvu qu'elle tienne
Résistance à un cheveu
rebond à christine jeanney fichaises 44
Rédigé par Maryse Hache le mercredi 29 déc 2010 à 13:15 dans rebond / écho | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Balises: christine jeanney, crâne, décret, fichaise, mort, oeuf, résistance
la grande lenteur de la péniche sur la seine prise au grand angle (est-ce le mot technique juste)
ce glissé glissé où l'œil se pose et se repose dans un ralentissement de la mobilité
une immense douceur et une grande inexorabilité
le temps glisse notre vie glisse les choses glissent le monde ouvrier glisse
la péniche presque comme au ralenti traverse le grand cadre de l'écran de la salle de cinéma
il s'agit qu'ellle entre dans le cadre, qu'elle passe glissante, et qu'elle en sorte
all the world's a fleuve et nous ne sommes que belles péniches qui traversent
il disait quelque chose comme ne cherchez pas à comprendre
j'ai voulu surtout donner à voir un monde de sensations
les trois images sont des captures d'écran prélevées là
Rédigé par Maryse Hache le vendredi 10 déc 2010 à 16:30 dans rebond / écho | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Balises: fermeture, glisser, jérôme wurtz, lenteur, péniche, ralentissement, usine
Le soir, pour passer de Malakoff à Montrouge
il vous suffit de traverser l’avenue Pierre Brossolette.
il vous suffisait de prendre le 194 pour passer de paris au plessis-robinson
c'était juillet la première fois
le métro mouton duvernet là-bas derrière
à quelques tours de roue la rue brézin avec arts et techniques
pas de musique klezmer
la première fois
mais la petite musique de balalaîka
mais la petite musique de mandoline
qui sait qui lui avait apprise
peut-être quelque polonais
en basse-silésie
la petite musique de lui
celle de son œil caché par un petit morceau de canson noir
il levait le pied quand la couleur du sol changeait
quelque chose dans les yeux ne voyait plus le volume
la vie ne se regardait plus en trois D
alors il avait trouvé cet artifice pour modifier la projection
avec les moyens de son bord
la petite musique des gauloises bleues
entre index et majeur avec jaune
et incandescence
tous ces gens assis debout sacs à mains besaces sacs à dos
ceux qui montent ceux qui descendent ceux qui attendent
vous bercent tout au long du trajet
où vont-ils tous ces vivants-là dans le bus
il vous suffisait de prendre le 194 pour passer de paris au plessis-robinson
huit mois seulement
la dernière fois c'était en février
pas de musique klezmer non plus
plus non plus sa petite musique à lui
vous ne pouvez plus prendre le 194 pour passer d'ici à chez lui
il n'est plus nulle part
et pourtant le voilà posé un instant au chaud du poème
gratitude à christophe grossi et son malaklezmeroff
chez pierre ménard
transport en commun des vases communicants
qui m'a embarquée jusqu'à l'écriture de son souvenir
les images viennent de google street view
Rédigé par Maryse Hache le jeudi 09 déc 2010 à 17:45 dans rebond / écho, vases communicants | Lien permanent | Commentaires (2) | TrackBack (0)
Balises: arts et techniques, autobus 194, christophe grossi, klezmer, marie lannelongue, pierre ménard, plessis-robinson, vases communicants
à 19h45, je lis sur twitter, publié par @_chsanchez, à 17h38 :
corps pluriels #18 | enfantines 7 - Le blog de @ChristoGrossi http://bit.ly/dCIFOj
j'ouvre dans le blog de christophe grossi : déboîtements, le lien dans barbe noire et je lis le texte du 17 octobre corps pluriels#13 I enfantines 5
les premiers mots lancent leurs filets, je les lui emprunte et
entre les trépassés et les reliques tu traverses le 11 novembre 2010
les ceusses de la grande éclature mondiale comptent leurs vers
largement dépassé quatorze
au moins dix huit millions
leurs corps de gloire de guerre réduits en humus de terre, ici sur les grandes plaines de flandres et meuse, là-bas sur les grandes plaines du monde, et dans les grandes étendues de marbre et pierre toujours sans cesse mourants, sous sons de cloches, canons et clairons
tu traverses le 11 novembre 2010, vivante d'un aïeul revenu vivant de verdun, mort plus tard, chair à vers quand même, mais après une vie entière
entre les trépassés et les reliques
à part les morts il y a quelqu'un
oui il y a quelqu'un
il y a quelques uns
dans la vie
dans la beauté du monde
coûte que coûte
Rédigé par Maryse Hache le jeudi 11 nov 2010 à 21:04 dans rebond / écho | Lien permanent | Commentaires (2) | TrackBack (0)
Balises: canon, christophe grossi, christophe sanchez, clairon, guerre 14-18, mort, trépassé, verdun, vers
en écho à françois bon
et à son chant sur une phrase de bernard noël
incantation
son polyphonique
tombe à l'intérieur
<hom hé ô aime ô haime a hé hom oh hé la ho aime hom>
voix murmure
voix son bulle vibrée dans les tuyaux où ça souffle
depuis le fond
bulle son envahit le corps
jusqu'au nez
et autres cavernes résonatoires
et se love enfermée en bouche
joue en joues
tremble derrière lèvres
fabrique du mmmmmmm
puis petit jeu de lèvres
se touchent et se lâchent
s'embrassent et se quittent
voilà qu'une voyelle apparaît
une manière de syllabe
un assemblage dû à ouverture fermeture
pas le même son si ordre différent
si fermeture commence et ouverture suit
petite suite d'assemblages sonores
tantôt poussée d'air
on l'entend passer dans la gorge
tantôt laisser couler
ça se mélange ça s'échote ça se superpose ça se mixage
surprise
un bourdonnement agonise au chambranle de la fenêtre
laisserai faire
trop de frissons d'épouvante à l'écoute
même si sans commune mesure
avec l'insecte frelon
reviens au bon bourdon
corps épaisseur d'espace
qui tombe
j'entends déjà tomber
dans le corps de plaine françois bon
_et soudain sonnent les insistées consonnes
les sss les rrr <erre> les pll
presque<plaie>
_
la phrase de boule bernard noël
ai ouvert la fenêtre
c'était une cétoine
Rédigé par Maryse Hache le mercredi 26 mai 2010 à 16:57 dans rebond / écho | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Balises: bernard noël, bourdonnement, consonne, cétoine, françois bon, son bulle, souffle, voyelle
en rebond avec fiction numérique
de Joachim Séné
dans son blog Fragments, chutes et
conséquences
cette rêverie qui commence comme par
erreur comme si
m'embarque dès le pas de connexion disponible du grand ordinateur
avec pourtant présence connectée du sujet qui tape ces mots que je lis et vois briller
j'aime cette disparition discrète progressive
comme inéluctable
de l'informatique
l'énergie qui passe de la batterie aux doigts
l'apparition des cris d'oiseaux
sont-ils ceux qui appellent à quitter la ville
pour un champ où le blé pousse
frileusement
loin des flux de la connectique
en un lieu sans électricité où la nuit
profonde existe
lieu à bruissement d'ailes
le bureau c'est la terre sur
laquelle l'ordinateur est posé
la disparition se produit inexorablement
la machine s'irréalise
après la batterie la lumière de
l'écran les touches
seul demeure le désir d'écriture
les doigts demeurent aussi
il suffit de les poser sur la terre
et de continuer à tapoter
la terre est notre bureau d'écriture
notre maison de langue
parlons-lui nos mots
parlons-les au vent
parlons-les aux bruissements d'ailes
d'oiseaux
tu leur ressembles fabricateur de langue
toi aussi
tes ailes bruissent quelquefois d'une exaltation
ténue dans le vent sombre
tu navigues fluide entre les mondes
et nous offre la splendide étrangeté de leur métamorphose
18 mars 2010
Rédigé par Maryse Hache le vendredi 02 avr 2010 à 10:18 dans rebond / écho | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Balises: champ de blé, informatique, joachim séné, métamorphose, oiseau, terre, vent
à christine jeanney
en lien avec ma lectures des textes siens ci-dessous dans tentatives
puisque
portée
le dessus de ses pieds
je me suis dit
quelque chose s'est fait entendre
comme une houle roulant entre ces textes que je lisais en me promenant souvent en tentatives ces jours-çi
une houle roulant les images des cieux
dont le chant me touchait au profond
la houle de celle qui écrit ces textes
mêlée au bruit du texte proprement dit
le bruit de ce qui frissonne en moi quand je me laisse faire par lui
et je voudrais tenter d'ici les dire
je sens cette houle rouler ses vagues glissant dans l'écriture
depuis
la levée de l'image d'une
boîte de bois à tiroirs et secrets qui pivote en l'air, suspendue entre le vide et rien dont l'orifice donne sur une ruelle ouverte habitée par un "je" cachée dedans
boîte aérienne observée par un œil ouvert plac(é)dans la bonne perspective
boîte qui chevauche
ce qui tient du mystère le plus étrange
car comment à la fois se placer / dans la perspective de la ruelle ouverte que la boîte montre
et être à l'intérieur cachée
à moins que le mystère du temps du texte réussisse à faire tenir ensemble deux temps séparés dans la vie
être à la fois cachée en une profondeur secrète, portée, comme au temps de la vie intra utérine, et être devant cette boîte à tiroirs secrets et la voir pivoter en l'air
et la houle emporte cette légèreté aérienne jusqu'à
la mort de ma mère ... flotte dans l'air
_voilà que la gravité terrestre est lâchée_
jusqu'a la photo est maintenant un tableau mystérieux qui danse
jusqu'à je porte en moi la mort de ma mère
j'avais d'abord lu le texte intitulé portée, et dès le début de la lecture, cette boîte pivotant en l'air, comme en lévitation, m'avait apporté ce sentiment que quelque chose quittait en effet la gravité terrestre, comme si cette boîte était l'image d'une rêverie ou d'une âme qui s'envole
et j'ai été frappée en lisant, peu après, le texte je me suis dit, de la correspondance qui s'était imposée à moi entre boîte et mère
les correspondances ne sont bien sûr jamais terme à terme mais s'établissent selon une alchimie presque indicible d'un texte à l'autre
la houle est aussi partie de
la course dans le couloir
c'était la nuit ce 2 janvier-là
la course effrénée de cette longue première phrase
entre et virgules et intersections
rythmée par la pâle lumière des veilleuses au bas des murs
jusqu'à
le bas-côté
qui veut faire croire qu'on ne tombera pas
partie aussi de
cette longue parenthèse questionnante dans je me suis dit
écrirai-je écrirai-je pas sur la mort de ma mère
jusqu'à ce
alors il faudrait nier la chute
la perpétuelle descente du tout tombe, tout tombera, tout est tombé,
que j'entends comme une manière de réponse
ou de raison
à cette écriture-là
que cette thrène de la sonorité "om" répétée sonne funèbre
la houle, je la sens aussi dans un va-et-vient entre les textes qui vont plus souvent à la ligne, dits poèmes, et ceux qui utilisent toute la ligne d'écriture, dits prose, comme si les poèmes offraient le "punctum" des textes en prose_un quelque chose qui pointe vers celui qui écrit_comme s'ils avaient capté quelque détail essentiel et qu'ils tissaient leur dit autour de ce détail, livrant ainsi ce qui est le plus fort
il est certain que ces détails pointent aussi vers moi
et je vois là marque d'une écriture qui dit ce qui lui est intimement particulier tout en laissant ouvert la place d'un universel
et une vague encore qui mènerait jusqu'à
cette boîte dernière
où nous serions bientôt rangées
dans le ventre de l'énigme
Rédigé par Maryse Hache le lundi 11 jan 2010 à 00:22 dans rebond / écho | Lien permanent | Commentaires (2) | TrackBack (0)
Balises: christine jeannet, couloir, mort, mère, orifice, punctumboîte
avec Vincent Tholomé |Steppe, extrait chez remue.net
nous serions nés il y a trente ou cinquante
ans dans la boue d'un hôpital sanguinaire près d'un parc
décidément aurions le crâne nu rasé lame affutée sur lanière de cuir
jetées dans la horde bientôt installées auprès de bergères en nombre tambourins
et bercement de bidons d'eau à côté d'armoires à néons glace à rut et soupçons de mort
comme le monde est petit
une noire panthère et ses promesses bientôt se glisserait entre lames des persiennes
et écarterait l'étau
Rédigé par Maryse Hache le samedi 09 jan 2010 à 17:18 dans rebond / écho | Lien permanent | Commentaires (1) | TrackBack (0)
Balises: armoire, bergère, crâne rasé, lame, naissance, panthère, tambourin, étau
Les commentaires récents